- Les niveaux de concentration de spermatozoïdes restent encore corrects : l'OMS fixe en effet "la limite inférieure de référence pour la concentration de sperme" à 15 millions par millilitre.
- "Je pense que c'est une crise qu'il vaut mieux affronter maintenant, avant qu'elle atteigne un point de basculement qui pourrait ne pas être réversible", explique le professeur Hagai Levine, auteur de l'étude, au Guardian.
"Le nombre de spermatozoïdes diminue à un rythme accéléré dans le monde", écrivent les auteurs d’une méta-analyse (une étude qui analyse les résultats de nombreuses études antérieures), publiée le 15 novembre dans la revue scientifique Human Reproduction Update. D’après leurs travaux, la concentration en spermatozoïdes a diminué de moitié en 46 ans. Un phénomène en rapide augmentation et très "alarmant" pour les chercheurs, car bien que le nombre de spermatozoïdes soit un indicateur "imparfait de la fertilité", il est "étroitement lié" aux chances de concevoir.
Déclin de la fertilité : une crise mondiale liée à notre mode de vie
Les chercheurs notent que ce déclin reflète une "crise globale" liée à notre environnement et à nos mode de vie modernes, qui a des conséquences plus larges pour la survie de l’Humanité à long terme.
Cette recherche a été menée par une équipe internationale dirigée par le professeur Hagai Levine, médecin de santé publique de l'université hébraïque de Jérusalem. Ils ont réuni les données de 223 études sur le sujet, issues de 53 pays (dont la France) sur six continents. Selon leurs résultats, la densité en spermatozoïdes est passée de 101,2 millions par millilitre en 1973, contre 49 en 2018, soit "une diminution de 51,6 % dans l'ensemble". Les auteurs de l'étude remarquent également une "augmentation marquée" de cette baisse au cours de ces dernières années : elle est passée de 1,16 % par an entre 1972 et 2000 à 2,64 % par an après les années 2000.
"Passé un seuil de 40 à 50 millions/ml, une concentration en spermatozoïdes plus élevée n'implique pas nécessairement une probabilité de conception plus élevée", peut-on lire dans l'étude, mais "en dessous de ce seuil, la probabilité de conception diminue rapidement à mesure que la concentration en spermatozoïdes diminue."
La dégradation de la santé reproductive pourrait menacer la survie de l'humanité
"Nous avons un grave problème entre nos mains qui, s'il n'est pas atténué, pourrait menacer la survie de l'humanité. Nous appelons de toute urgence à une action mondiale pour promouvoir des environnements plus sains pour toutes les espèces et réduire les expositions et les comportements qui menacent notre santé reproductive", a déclaré le professeur Hagai Levine, dans un communiqué.
"La France ne fait pas exception. En France, grâce à la disponibilité de données de bonne qualité, nous avons la certitude qu’il y a un déclin fort et durable, comme ailleurs dans le monde", ajoute une co-autrice de l’étude, Shanna Swan (faculté de médecine Mount-Sinai à New York), citée par Le Monde.
Le point notable de cette étude est d'avoir confirmé que la diminution de la concentration en spermatozoïdes est un phénomène mondial. Des travaux antérieurs avaient déjà constaté une baisse de la concentration en spermatozoïdes avec des données allant de 1981 à 2013, mais ils ne concernaient que l'Occident (Amérique du Nord, Europe et Australie), en raison du manque de données dans les autres zones géographiques. Cette nouvelle étude mentionne aussi une baisse du nombre de spermatozoïdes chez les personnes vivant en Amérique du Sud et centrale, en Asie et en Afrique.
Pourquoi le nombre de spermatozoïdes décline-t-il ?
Bien que cette étude n'ait pas examiné les causes de la chute du nombre de spermatozoïdes, le professeur Levine remarque que des recherches récentes ont indiqué que des perturbations dans le développement de l'appareil reproducteur pendant le développement fœtal ont un lien avec une fertilité altérée par la suite. L'Assurance maladie cite également la consommation de tabac, l'obésité, les perturbateurs endocriniens mais aussi les nombreux polluants présents dans notre environnement.