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Étude

Quels sont les effets du porno sur le cerveau ?

Par Rafaël Andraud

De nombreuses études scientifiques ont examiné les conséquences de la consommation régulière de pornographie sur la santé ces dernières années. Voici cinq des effets notables du porno sur le cerveau. 

M-Production/iStock
23 % des hommes de moins de 35 ans ayant déclaré regarder du porno fréquemment ont tendance à souffrir de dysfonction érectile au cours de leurs rapports sexuels, selon une étude de 2020.
La nature de plus en plus explicite de la pornographie peut laisser certains hommes déçus par les rapports sexuels de la vie réelle, ce qui engendrerait un manque d'excitation.
Pour se faire plaisir autrement qu'avec les vidéos pornographiques, il existe de nombreuses alternatives, comme l'écoute de podcasts érotiques par exemple.

Alors qu'on en fait habituellement usage pour se faire plaisir, le porno peut parfois être néfaste pour notre santé. Au-delà des problèmes d'addiction, que la rédaction de Pourquoidocteur a récemment mis en lumière dans une interview, la pornographie, quand elle est consommée trop régulièrement, a plusieurs effets sur notre cerveau. Faisons le point, à travers cinq études sur ce sujet. 

Le porno modifie la structure de notre cerveau

Selon une étude publiée en 2018 dans Intuition, la consommation régulière de porno érode le cortex pré-frontale, la structure du cerveau qui gère la moralité, la volonté, et le contrôle de ses impulsions.

De plus, d'après une étude allemande publiée en 2014 dans la revue JAMA Psychiatry, l’utilisation accrue du porno est corrélée à une activité cérébrale réduite quand on est exposé à une image pornographique classique. C’est pourquoi on aurait tendance à passer à des formes de plus en plus "hard" de vidéos pornos. L'étude montre en effet, que le cerveau des consommateurs de films pornographiques réagit moins face aux stimuli sexuels et que leur lobe droit est plus petit que celui des autres. Les participants étaient uniquement des hommes âgés de 21 à 45 ans, qui ont déclaré regarder 4 heures de films pornographiques par semaine.

La pornographie provoquerait donc des changements dans la plasticité du cerveau à cause de l'intense stimulation du centre du plaisir qu'elle engendre. Cela inquiète les chercheurs, puisque les deux zones du cerveau sur lesquelles la pornographie agit sont associées à des zones d’accoutumance lors de la consommation de drogues. En revanche, rien ne dit que ce soit la conséquence d’un abus de vidéos pornographiques : ce sont peut-être les personnes dont le volume de cette partie du cerveau est plus petit qui ont besoin de plus de stimulations externes pour ressentir du plaisir, et qui seraient donc plus susceptibles d'abuser des films pornographiques.

Pornographie : consommer beaucoup de contenus est associé à une moins bonne santé mentale

Les personnes qui consomment du porno signalent des symptômes dépressifs plus importants, une moins bonne qualité de vie et une moins bonne santé mentale et physique que les personnes qui n'en regardent pas, selon une étude de 2011 publiée dans le Journal of Sexual Medicine.

Une autre étude, datant de 2011, sur la sexualité des ados avait notamment rapporté que la consommation croissante de la pornographie pouvait avoir des conséquences très négatives sur leur développement et leur santé mentale. Elle favoriserait ainsi les crises d’angoisse, les troubles du sommeil, le sentiment de culpabilité ou encore une représentation faussée de la sexualité et des rapports amoureux. Pour répondre à cette situation, une consultation auprès d’un pédopsychiatre, d’un sexologue ou d’un psychologue s’impose pour aider l’adolescent à construire sa sexualité et faire la différence entre le virtuel et le réel. 

Le porno rend plus violent

Dans une méta-analyse de 2015 publiée dans le Journal of Communication (une recherche qui fait une analyse de 22 études internationales précédentes), on apprend qu’il existe bien un lien entre la consommation de porno et une attitude violente. La consommation de porno étant associée à un plus grand risque de commettre une agression sexuelle chez les hommes et les femmes. Les associations sont plus fortes pour les agressions sexuelles verbales par rapport à celles physiques, mais les deux sont significatives. La consommation de porno violent serait un facteur aggravant.

Le porno nous pousse à prendre plus de risque dans nos pratiques sexuelles 

Une étude américaine, parue en 2016 dans Plos One et portant sur la pratique du sexe anal entre hommes, a démontré une forte association entre consommation de pornographie et prise de risques lors du rapport sexuel. Ainsi, une personne qui visionne régulièrement des contenus pornographiques serait moins encline à utiliser un préservatif. Elle multiplierait également les partenaires et les aventures d’un soir, s’exposant à des risques accrus de contracter une maladie sexuellement transmissible. Les acteurs qui ne portent pas de préservatif pourraient ainsi inspirer les consommateurs qui, par mimétisme, finiraient par altérer leur propre perception du risque. Pour autant, l'effet inverse est également possible : regarder des films X où le préservatif est utilisé de manière explicite incite à pratiquer plus souvent des rapports anaux protégés.