- La bronchiolite aiguë est une maladie respiratoire d’origine virale qui touche principalement les enfants de moins de 2 ans lors d’épidémies saisonnières hivernales, selon Santé Publique France.
- Les épidémiologistes rappellent l’importance de la vaccination contre la bronchiolite.
Le port du masque et les mesures sanitaires liées à la Covid-19 nous ont-ils rendu plus sensibles aux infections? Cette théorie de la "dette immunitaire", qui est actuellement au cœur des débats entre les pédiatres et les épidémiologistes, expliquerait la virulence de l’épidémie actuelle de bronchiolite.
L'épidémie de bronchiolite liée aux mesures anti-Covid?
En d’autres termes, à force de protéger notre système immunitaire et de moins l’exposer aux virus, celui-ci n’aurait pas été assez sollicité. Ainsi, nous serions maintenant plus sensibles à certaines maladies et virus parmi lesquels le VRS, responsable d’entre 50 % et 80 % des cas de bronchiolite en France.
"L’hôpital est sous tension, très forte en pédiatrie, avec une épidémie de bronchiolite qui a été précoce, qui est très intense. Pourquoi elle est très intense? Justement parce que pendant deux ans, on portait des masques, et comme c’est un virus respiratoire, on avait une protection, donc on avait une épidémie qui était très faible, on a eu moins d’immunisation des petits, et du coup, comme il y a un relâchement collectif, le virus circule très fort, il circule plus tôt, et donc il y a beaucoup d’enfants qui sont malades”, a résumé l'ancien ministre de la santé, Olivier Véran, le 13 novembre sur BFM TV.
Début novembre, Santé publique France avait en effet signalé des hospitalisations à des niveaux records "depuis plus de dix ans" avec environ sept mille passages aux urgences la dernière semaine d’octobre. Et d’après son dernier épidémiologique du 16 novembre, l'épidémie de bronchiolite se poursuit à “un niveau très élevé en France métropolitaine”. En outre cette année, l’épidémie a eu six semaines d’avance sur le cycle saisonnier classique qui voit la bronchiolite commencer habituellement mi-novembre.
La "dette immunitaire" n'est pas prouvée scientifiquement
Cette notion de “dette immunitaire” a fait son apparition dans un texte de pédiatres français publié dans Infectious Diseases Now en août 2021 et fait débat au sein de la communauté scientifique.
Sur son compte twitter, l’épidémiologiste Antoine Flahault écrit que ce concept est surtout "l’illustration de notre grande ignorance en matière d’immunologie. Au lieu de dire “je ne sais pourquoi on a ce niveau de bronchiolites”, certains scientifiques, surtout des médecins [et] notamment des pédiatres, s’y engouffrent sans retenue. Nous avons considérablement assaini – sur le plan microbiologique – nos modes de vie depuis un siècle. [Or] au lieu de payer notre dette immunitaire digestive, cutanée, génitale, respiratoire, nous avons vu fondre les maladies infectieuses et plus que doubler l’espérance de vie".
Brigitte Autran, professeure émérite en immunologie à la faculté de médecine de la Sorbonne et présidente du Covars (le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires) explique dans Libération que l’on a cependant du mal à savoir exactement si cette réduction de l’exposition à de nombreux pathogènes a favorisé plus d’infections à l’issue de la crise de la Covid-19.
Pour finir, il est aussi difficile de parler de dette car "il est impossible de quantifier la quantité de stimulations dont aurait besoin le système immunitaire”, explique Brigitte Autran.