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QUESTION D'ACTU

Rapport de l'OMS

Crise financière: une bombe sanitaire à retardement

L’OMS tire la sonnette d’alarme pour les pays d'Europe: les systèmes de santé sont trop discriminants. Les chômeurs, travailleurs précaires sont les premiers concernés.

Crise financière: une bombe sanitaire à retardement GILE/SIPA




La crise financière menace les systèmes de santé publique, selon l’Agence européenne de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Elle pourrait même mener à une crise sanitaire dans les foyers les plus modestes. Dans son Etude sur les déterminants sociaux de la santé et la fracture sanitaire dans la  Région européenne de l’OMS publiée le 30 octobre, l’organisation souligne l’impact du travail et de l’éducation dans les disparités sanitaires.

 

Une bombe à retardement

Le rapport de l’OMS relie la privation matérielle liée au chômage ou à un faible revenu et les problèmes de santé, physique et mentaux. « Le chômage, particulièrement son niveau élevé et persistant chez les jeunes, est une bombe à retardement prête à exploser pour la santé publique, » résume le Pr Michael Marmot, directeur de l’Institut pour l’Equité de la Santé.

 

L’affirmation est particulièrement vraie en France. Selon un récent sondage CSA pour EuropAssistance, de plus en plus de Français renoncent à des soins de santé qu’ils ne peuvent pas payer. Ils seraient ainsi un tiers à reporter ou ajourner un soin pour lui-même ou un membre de sa famille. Les soins dentaires et optiques sont les plus touchés, avec respectivement 25% et 17% de soins nécessaires non effectués.
Ce problème de fond risque de resurgir sous forme de troubles de santé aggravés faute de soin. En mettant en parallèle les résultats de ce sondage et ceux de l’OMS, on découvre que la population la plus touchée par le chômage est aussi celle qui renonce le plus à se soigner : les femmes, de 25 à 74 ans.

 

La précarité nuit à la santé

Les inégalités de santé ne touchent pas uniquement les chômeurs. L’ensemble de la sphère du travail est concernée, selon l’OMS. La position sociale et le poste occupé sont des facteurs de risques : on trouve plus de maladies physiques ou mentales en bas de l’échelle sociale. Elles peuvent être liées à la profession (maladies du travail) ou au stress exercé par la hiérarchie. La précarité de l’emploi accentue ainsi les maladies du stress chez les travailleurs.

 

Pour l’OMS, l’obésité est un bon indicateur des inégalités sanitaires et sociales. Elle est souvent associée à un niveau d’éducation bas et à un poste peu élevé. Ainsi, en France, on trouve davantage d’obèses chez les hommes moyennement éduqués (5-10%) et chez les femmes peu éduquées (20%). Au Royaume-Uni, l’écart est encore plus creusé : 25% des hommes et 30% des femmes peu éduqués sont obèses. Chez les personnes éduquées, c'est deux fois moins. Sachant qu'un faible niveau éducatif correspond la plupart du temps à un emploi peu rémunéré, la pauvreté est aussi facteur d'obésité.

 

 

L’OMS tire la sonnette d’alarme

« Nous pouvons et nous devons faire mieux pour la promotion de la santé et pour réduire les inégalités sur notre continent, » martèle le directeur régional de l’OMS pour l’Europe, Zsuzsanna Jakab. Le rapport émet pour cela plusieurs recommandations visant à établir un système de santé plus équitable et universel. Elles concernent principalement les populations les plus précaires. L’OMS insiste sur l’importance d’un bien-être accru au travail, afin de réduire la prévalence des maladies liées à l’emploi. Elle demande aussi que chaque service de médecine sexuelle et reproductive soit accessible de manière universelle, particulièrement aux femmes et aux jeunes des deux sexes.

 

L’Europe entière est pointée du doigt par l’Agence sur le plan des inégalités. Les pays développés doivent consentir à des efforts pour développer leur système de santé. C’est par exemple le cas du Royaume-Uni, qui a réduit ses dépenses de santé publique avec la politique d’austérité.

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