- La lèpre est une maladie chronique qui touche principalement la peau, les nerfs périphériques, la muqueuse des voies respiratoires supérieures ainsi que les yeux.
- En 2019, un peu plus de 200.000 cas de lèpre ont été détectés dans 116 pays à travers le monde, selon l’OMS.
“Si nous pouvons identifier comment la bactérie fait grandir le foie qui reste fonctionnel et sans causer d'effet secondaire chez les animaux vivants, nous pourrions être capables de transposer cette connaissance afin de développer des thérapies plus sûres pour rajeunir des foies vieillissants et régénérer des tissus endommagés”, explique Anura Rambukkana, biologiste cellulaire à l'université d'Édimbourg et l’une des autrices d’une étude qui vient d’être publiée dans la revue Cell Reports Medicine.
La bactérie à l’origine de la lèpre fait grossir le foie
La bactérie en question est appelée Mycobacterium leprae. Elle est responsable de la maladie de la lèpre et est donc plutôt connue pour être une bactérie néfaste pour l’organisme car elle abîme la peau, les nerfs, les muqueuses, etc. Mais, lors de leurs travaux, les chercheurs ont découvert que celle-ci pouvait aussi faire grossir le foie et régénérer ses cellules.
Pour faire cette observation, les scientifiques ont infecté 45 tatous avec la bactérie Mycobacterium leprae. Ensuite, ils ont analysé la taille et les cellules de leur foie. Résultat : l’organe avait un plus grand volume chez les animaux porteurs de la bactérie que chez ceux qui n’étaient pas infectés.
Le foie a grandi mais sa structure anatomique, elle, n’a pas changé. En effet, les composants vitaux sont restés les mêmes : les vaisseaux sanguins n’ont pas grandi et les canaux qui relient le foie à la vésicule biliaire étaient toujours bien placés et fonctionnels.
La bactérie permet de régénérer les cellules hépatiques
Autre observation : les cellules hépatiques – appelées hépatocytes – étaient “rajeunies” chez les tatous infectés. Ceux-ci avaient aussi “des modèles d'expression génique - le modèle de construction d'une cellule - similaires à ceux des animaux plus jeunes et des foies de fœtus humains”, peut-on lire dans un communiqué de presse de l'université d'Édimbourg. Cette bactérie a donc régénéré le foie des animaux.
“Les résultats suggèrent la possibilité d'adapter ce processus naturel pour renouveler les foies vieillissants et augmenter l’espérance de vie sans maladie chez les humains, poursuit le document. Les experts disent que cela pourrait également aider à faire repousser les foies endommagés [qui ont par exemple subi une ablation pour enlever une zone malade], réduisant ainsi le besoin de greffe, qui est actuellement la seule option curative pour les personnes en phase terminale pour une atteinte au foie”.
À terme, cette découverte pourrait donc permettre de mettre au point de nouveaux traitements, d’éviter certaines greffes et de sauver des vies.