Le surpoids et l’obésité augmentent le risque de trouble du sommeil, de maladie cardiovasculaire, de problèmes articulaires. Chez l’enfant, cela aurait aussi des conséquences sur la santé cérébrale. C’est la conclusion d’une étude réalisée par des chercheurs de l’université américaine de Yale. Présentée à l’occasion de la réunion annuelle de la Radiological Society of North America, elle démontre qu’un poids élevé est associé à des "déficiences cérébrales structurelles et fonctionnelles" dans le cerveau des enfants.
Quel est l’impact du surpoids ou de l’obésité sur le cerveau des enfants ?
Chez l’adulte, des études précédentes ont montré que l’obésité était associée à une santé cérébrale réduite. Dans le cas des enfants, les résultats obtenus étaient "incohérents", selon Simone Kaltenhauser, chercheuse à la Yale School of Medicine et autrice principale de ces travaux. "L'une des raisons est que les études antérieures avaient un petit nombre de participants", observe-t-elle. Pour dépasser cette limite, elle a basé sa recherche sur un grand nombre de données, plus représentatives. "Les participants à l'étude se rapprochent étroitement des données sociodémographiques et de la diversité raciale et ethnique de la population américaine, ce qui rend nos résultats généralisables." Avec son équipe, ils ont évalué les données d'imagerie cérébrale recueillies auprès de 5.169 enfants âgés de 9 à 10 ans. Ils ont utilisé plusieurs types d'images, pour avoir des informations sur la structure du cerveau, l'intégrité de la substance blanche, soit les fibres nerveuses qui connectent les neurones et l'activité du réseau cérébral. "Notre principale découverte était qu'un poids et un indice de masse corporelle plus élevés chez les enfants de 9 à 10 ans sont associés à une mauvaise santé cérébrale", souligne Simone Kaltenhauser.
Surpoids et obésité chez l’enfant : des conséquences multiples sur le cerveau
Concrètement, l’équipe scientifique a constaté que les enfants ayant un poids plus élevé avaient une épaisseur corticale plus faible, ce qui signifie que la couche externe du cerveau était plus mince que chez les enfants ayant un poids inférieur. Ils ont aussi observé une "altération" de la substance blanche, ce qui pourrait avoir des conséquences sur le fonctionnement du cerveau, selon eux. Ils estiment aussi qu’un poids trop élevé pourrait réduire les capacités cognitives car l’analyse des imageries cérébrales démontre que les réseaux cérébraux impliqués dans la prise de décision et le contrôle cognitif avaient une connectivité réduite chez ces enfants. Par ailleurs, ces effets semblent durer : l’équipe a effectué les mêmes analyses, avec les mêmes enfants, deux ans après et les résultats étaient les mêmes.
Mieux comprendre les liens entre poids et cerveau chez l’enfant
"Nous avons été surpris que ces changements soient visibles si tôt", précise Simone Kaltenhauser. Pour l’heure, elle indique ne pas pouvoir dire "si le poids influence la santé du cerveau, ou si la santé du cerveau influence le poids, ou si c'est un peu des deux", mais elle prévoit d'ores et déjà de poursuivre ses travaux pour trouver la réponse.