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Microbiote : le manipuler pourrait changer nos comportements alimentaires

Une nouvelle étude portant sur des souris démontre comment le microbiote influence les habitudes alimentaires. Quand il est perturbé, les aliments appétissants sont consommés plus souvent et de façon plus compulsive.

Microbiote : le manipuler pourrait changer nos comportements alimentaires JONGHO SHIN/iStock




L'ESSENTIEL
  • Selon les auteurs de l’étude, le microbiote intestinal a des influences importantes sur le comportement et il est possible d'agir sur ces effets en le manipulant.
  • "Il a été démontré que le microbiome intestinal influence de nombreux comportements et états pathologiques chez les souris, de la sociabilité et du stress à la maladie de Parkinson", explique Sarkis Mazmanian, co-auteur de l’étude.

Imaginons : il est 16h, vous avez un petit creux et vous comptez prendre un petit carré de chocolat pour le goûter. C’est alors que vous vous retrouvez à en prendre un autre puis un autre, et avant que vous ne vous en rendiez compte, vous avez terminé toute la tablette même si vous n'aviez pas si faim au départ.

Avant de commencer à vous sentir trop coupable, sachez que ce n'est peut-être pas entièrement de votre faute. Une nouvelle étude, portant sur des souris et publiée ce mardi dans la revue Current Biology, montre comment ce sont certaines bactéries intestinales qui guident le comportement de frénésie alimentaire.

Un microbiote perturbé pousserait à manger plus d'aliments sucrés

Le chocolat ou d’autres sucreries sont ce que les chercheurs ont appelé dans cette étude les "aliments appétissants" - des aliments consommés par plaisir compulsif, pas simplement par faim ou par besoin nutritionnel. Et les humains ne sont pas les seuls à les aimer, les souris aussi.

Selon cette nouvelle étude, l'absence de certaines bactéries intestinales pousse les souris à manger des "aliments appétissants" même quand elles n’ont pas faim. Pour examiner cette hypothèse, les chercheurs ont donné à un groupe de souris des antibiotiques pendant quatre semaines, éliminant les bactéries intestinales des animaux. Les souris dont le microbiote est perturbé par des antibiotiques oraux ont consommé 50 % de pastilles de sucre de plus en deux heures et ont mangé plus longtemps que les souris avec un microbiote sain.

Restaurer le microbiote pourrait réduire le comportement de frénésie alimentaire

Dans une autre série d'expériences, au lieu d'avoir simplement des friandises placées dans leurs cages, les souris devaient appuyer sur un bouton pour recevoir une pastille de sucre. Chaque pastille suivante obligeait les souris à appuyer sur le bouton de plus en plus de fois. Les souris avec le microbiote sain perdaient tout intérêt à appuyer sur le bouton et s'éloignaient au bout d’un moment. Par contre, les souris qui avaient reçu les antibiotiques oraux ont déployé beaucoup plus d'efforts pour obtenir de plus en plus de sucre, appuyant sur le bouton à plusieurs reprises comme si elles avaient désespérément envie de leur collation.

Heureusement, ce comportement de frénésie alimentaire est réversible : les chercheurs pouvaient ramener les souris gloutonnes à un comportement alimentaire normal simplement en restaurant leur microbiote grâce à une greffe fécale. Ces souris consommaient encore du sucre lorsqu'il était disponible mais ne présentaient plus le même comportement de suralimentation.

Certaines bactéries influencent le comportement alimentaire

Le microbiote intestinal contient des centaines d'espèces bactériennes et l'équipe soupçonnait que certaines étaient plus influentes que d'autres dans la conduite du comportement de frénésie alimentaire.

"Pour déterminer quelles bactéries spécifiques pouvaient être impliquées, j'ai donné à différentes cohortes de souris différents antibiotiques individuellement", explique James Ousey, principal auteur de l’étude, dans un communiqué. Il poursuit : "Les différents antibiotiques ciblent différentes bactéries. Ce que j'ai observé, c'est que les souris recevant de l'ampicilline ou de la vancomycine, mais pas de la néomycine ou du métronidazole, surconsomment ces pastilles à haute teneur en sucre par rapport aux témoins. Cela suggère qu'il y a un microbe, ou une collection de microbes, qui est sensible à l'ampicilline ou à la vancomycine, qui est responsable du contrôle de la réponse normale aux aliments très appétissants."

Au contraire, certaines bactéries (de la famille S24-7 et du genre Lactobacillus), quand elles étaient présentes en nombre, étaient associées à une surconsommation réduite. Lorsque ces espèces bactériennes ont été administrées aux souris traitées aux antibiotiques, leur comportement alimentaire problématique a même été supprimé.

Bien que l'étude porte sur des souris, elle ouvre de nouvelles pistes pour comprendre pourquoi nous pouvons être amenés à surconsommer des aliments sucrés et comment nous pouvons réduire ces comportements compulsifs grâce à un microbiote plus sain.

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