- Le syndrome de l’intestin irritable touche environ 5 % de la population française.
- Certaines personnes ont des systèmes de suspension "extensibles" qui font que les intestins s'affaissent.
- D'autres patients ont des problèmes au niveau colonne vertébrale qui provoquent l'affaissement du diaphragme ou la saillie du ventre, ce qui entraîne une compression de l'abdomen.
Une façon pour certaines personnes de prévenir le syndrome de l’intestin irritable (SII), aussi appelé "colopathie fonctionnelle" ? Changer les lois de la physique, d’après le Dr Brennan Spiegel, gastro-entérologue et directeur de recherche au centre médical Cedars-Sinai de Los Angeles. "Les mécanismes responsables du déclenchement du syndrome restent incertains. Il est déconcertant qu'un trouble aussi répandu puisse être expliqué par des théories disparates, répondre à des traitements dont les mécanismes d'action sont très différents, et présenter un large éventail de comorbidités", a-t-il indiqué. Selon le spécialiste, il est important de se demander s'il existe un "facteur unificateur" qui lie ces théories et observations divergentes.
Syndrome de l’intestin irritable : une "inefficacité des systèmes à gérer la gravité"
Dans une étude, parue dans la revue The American Journal of Gastroenterology, il a émis une hypothèse selon laquelle la gravité serait responsable du développement du syndrome de l’intestin irritable. "La théorie avancée est que ce trouble du fonctionnement de l’intestin peut résulter de l'inefficacité des systèmes anatomiques, physiologiques et neuropsychologiques à gérer la gravité terrestre. (…) Nos corps sont affectés par la gravité du moment où nous naissons au jour de notre mort. C'est une force si fondamentale que nous remarquons rarement son influence constante sur notre santé", a expliqué Brennan Spiegel.
Intestins : "le contenu abdominal est lourd, comme un sac de pommes de terre"
Afin d'expliquer cette hypothèse, il a analysé l'influence de la gravité sur l'évolution humaine, les conséquences mécaniques, microbiennes et neuropsychologiques de l'intolérance à la gravité. Selon le gastro-entérologue, la gravité comprime la colonne vertébrale et réduit la flexibilité.
"Elle peut également entraîner un déplacement des organes vers le bas, les éloignant de leur position correcte. Le contenu abdominal est lourd, comme un sac de pommes de terre que nous sommes destinés à porter toute notre vie." Si les systèmes corporels ne parviennent pas à gérer la gravité, cela peut entraîner des symptômes, tels que des douleurs, des crampes, des vertiges, des sueurs, des battements cardiaques rapides et des problèmes de dos. "Cela peut même contribuer à la prolifération bactérienne dans l'intestin, un problème également lié au syndrome de l’intestin irritable", a-t-il ajouté dans un communiqué.
SII : la surestimation "des menaces de force G qui ne se produisent jamais"
D’après l’étude, certaines personnes résistent mieux aux accélérations de pesanteur que d’autres. "Les nerfs de l'intestin sont comme un ancien détecteur de force G qui nous avertit lorsque nous vivons - ou sommes sur le point de vivre - une chute dangereuse. Ce n'est qu'une hypothèse, mais les personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable pourraient être enclines à surestimer des menaces de force G qui ne se produisent jamais", a précisé Brennan Spiegel.
Un autre facteur qui pourrait jouer un rôle est la sérotonine, un neurotransmetteur qui aurait évolué en partie pour gérer la gravité dans les systèmes corporels. Sans elle, les personnes ne seraient pas capables de se tenir debout, de garder l'équilibre, de faire circuler le sang ou de pomper le contenu intestinal contre la gravité. "La sérotonine déréglée peut être une forme de défaillance de la gravité. Lorsque la biologie de la sérotonine est anormale, les personnes peuvent développer le syndrome de l’intestin irritable, l'anxiété, la dépression, la fibromyalgie et la fatigue chronique. Ce sont peut-être des formes d'intolérance à la gravité", a conclu le spécialiste.