- Selon l’Organisation mondiale de la santé, une personne sur huit souffre d’un trouble de la santé mentale.
- Cela peut être des troubles bipolaires, une dépression, des troubles post-traumatiques, la schizophrénie, etc.
Les troubles de la santé mentale sont de plus en plus fréquents, notamment à cause de la pandémie de Covid-19. D’après l’Organisation mondiale de la santé, elle a provoqué une hausse de 26 à 28 % des troubles anxieux et dépressifs. Si ces maladies sont de plus en plus fréquentes, elles sont encore mal connues. Des chercheurs de l’université de Liverpool, située en Angleterre, estiment même que le diagnostic est parfois dénué de sens. Le professeur Peter Kinderman, co-auteur de la recherche, considère que "l’approche biomédicale" dans le diagnostic des troubles de la santé mentale n’est pas "adaptée à son objectif". Selon lui, ce système "suppose à tort que toute détresse résulte d'un désordre et s'appuie sur des jugements très subjectifs pour déterminer ce qui est normal ou non". L'étude est publiée dans la revue spécialisée Psychiatry Research.
Une analyse portant sur 5 types de troubles de la santé mentale
D’après les conclusions des auteurs, les diagnostics psychiatriques sont "scientifiquement sans valeur en tant qu'outils pour identifier des troubles de santé mentale". Leur étude s’appuie sur une analyse détaillée de cinq chapitres du Manuel de diagnostic et de statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques publié par l’Association américaine de psychiatrie, utilisé par les professionnels de santé pour établir des diagnostics et choisir des traitements. Cet ouvrage est particulièrement populaire aux États-Unis. Les scientifiques anglais ont consacré leurs travaux aux chapitres sur la schizophrénie, le trouble bipolaire, les troubles dépressifs, les troubles anxieux et les troubles liés à un traumatisme.
En quoi les diagnostics psychiatriques posent-ils problème ?
Pour les auteurs de cette recherche, les diagnostics psychiatriques présentent une limite importante : l’hétérogénéité. Les différents troubles étudiés présentent parfois des symptômes similaires ou proches, ce qui rend la classification caduque. Mais ils manquent également de précision : les règles, permettant de formuler des recommandations cliniques, ne sont pas les mêmes selon les troubles. Le problème le plus important, selon les auteurs, est le manque de personnalisation de ces outils : d’une part, ils ne prennent pas en compte des traumatismes vécus par le patient, mais ils s’intéressent aussi peu aux cas individuels et aux traitements nécessaires. "Bien que les catégories de diagnostic créent l'illusion d'une explication, elles n'ont aucun sens scientifique et peuvent créer de la stigmatisation et des préjugés, observe Dr Kate Allsopp, de l'université de Liverpool, autrice principale de cette étude. J'espère que ces résultats encourageront les professionnels de la santé mentale à penser au-delà des outils de diagnostic et à envisager d'autres explications aux troubles de la santé mentale, comme un traumatisme et d'autres expériences de vie." En somme, les outils de diagnostic ne permettent pas d’évaluer avec justesse les "causes complexes de la détresse humaine".