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Psychologie

Pourquoi avons-nous tendance à mal juger quelqu’un au premier regard ?

Par Rafaël Andraud

Selon de nouvelles recherches japonaises relayées par The Conversation, préjuger de la personnalité de quelqu'un sans le connaître uniquement à partir de l'apparence de son visage est une tendance très répandue, même si ces jugements sont souvent inexacts. Explications.

Deagreez/iStock
Le phénomène évoqué dans cet article est un biais cognitif : un réflexe de pensée faussement logique, généralement inconscient et systématique.
Ce biais cognitif se nomme l’effet de halo. Il désigne le fait que la première impression d'une personne ou d'une chose est si positive ou si négative que cette représentation n'est ensuite que lentement ou pas du tout adaptée à la réalité.
À cause de l'effet de halo, une caractéristique jugée positive à propos d'une personne ou d'un groupe a tendance à rendre plus positives les autres caractéristiques de cette personne, même sans les connaître (et inversement pour une caractéristique négative).

Imaginez obtenir un entretien pour le job de vos rêves. Vous aurez beau vous préparer un maximum et faire tous les efforts de présentation, une fois devant votre interlocuteur, au premier regard, il se peut qu’il ait déjà décidé si vous aviez l'air incompétent ou indigne de confiance.

Parce que, malheureusement, selon de récentes recherches d'universités japonaises, certaines personnes ont une disposition à tirer des conclusions drastiques sur les traits de personnalités des autres en se basant uniquement sur l'apparence du visage. The Conversation revient dans un article sur cette tendance.

Certains ont systématiquement des jugements extrêmes au 1er regard

Dans une série d'études en ligne avec plus de 300 participants, le chercheur Atsunobu Suzuki et ses collègues ont découvert ce qu'ils appellent des "inférences de traits basées sur le visage" (FBTI). Fondamentalement, les sujets ont préjugé une série de traits de personnalités après avoir jeté un bref coup d'œil sur le visage de quelqu'un. Alors que la plupart d’entre nous faisons ce type de jugement dans une moindre mesure, les chercheurs ont constaté que certaines personnes portent systématiquement des jugements extrêmes (à la fois positifs et négatifs). Cela s'est produit même lorsque l'âge, le sexe et l'origine ethnique des participants ont été contrôlés.

Par exemple, selon des études précédentes, certains visage avec des yeux “durs” et des traits masculins ont tendance à donner l'impression que la personne est extrêmement indigne de confiance. D’autres, avec des traits plus féminins et des yeux plus grands paraissent aux yeux de certains comme incompétent.

Les préjugés inconscients sont monnaie courante au travail

Plusieurs recherches ont déjà observé que les préjugés inconscients sont monnaie courante dans la prise de décision concernant les nouvelles recrues. Une étude de 2018 a notamment envoyé des versions séparées de CV presque identiques pour postuler à 50 emplois différents en au Royaume-Uni. La seule différence était le nom sur le CV : Adam Smith sur l'un et un nom à consonance étrangère, Ravindra Thalwal, sur l'autre. Ravindra a reçu environ moitié moins de réponses par rapport à son homologue au nom plus britannique.

Selon les recherches d’un autre scientifique, le chercheur Alexander Todorov, qui a beaucoup travaillé sur le sujet, ces jugements instantanés sont prévisibles mais généralement inexacts. Malheureusement, les premières impressions sont souvent difficiles à changer. Selon lui, cela signifierait donc que des personnes sont parfois embauchées pour de mauvaises raisons.

Comment agir contre ces préjugés ?

Afin d’agir sur cette tendance malsaine, dont certains n’ont même pas conscience, des entreprises tentent de former leurs salariés sur les préjugés inconscients. Même si les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, il a été prouvé que même de courtes interventions peuvent modifier les attitudes des personnes.

La recherche a en effet démontré que le fait d'être conscient de ses préjugés peut entraîner un changement d'état d'esprit à court terme. Cependant, des interventions supplémentaires sont nécessaires périodiquement pour faire durer dans le temps les changements réels de comportement.