C’est un petit geste mais qui a de grandes répercussions : des scientifiques américains de la Boulder University dans le Colorado ont littéralement fait la lumière sur ce qui se produit lorsque l'on tire la chasse d'eau. Et le résultat est impressionnant.
La chasse d'eau projette des particules jusqu'au plafond
À l'aide de lasers verts et de caméras, ils ont pu visualiser directement la spectaculaire éruption d’aérosols qui en résulte et mesurer la vitesse et la propagation des particules qui le composent. L'étude a ainsi révélé que ces particules en suspension dans l'air se propagent rapidement, à une vitesse de 2 mètres par seconde, atteignant 1,5 mètre au-dessus des toilettes en 8 secondes.
Et les particules d'eau projetées lors de la chasse d’eau ne sont pas cantonnées aux toilettes : "Elles se sont dirigées principalement vers le haut et vers le mur arrière, mais leur mouvement était imprévisible. Le panache s'est également élevé jusqu'au plafond du laboratoire et, n'ayant nulle part où aller, il s'est éloigné du mur et s'est répandu vers l'avant, dans la pièce”.
Avant l’expérience, personne ne comprenait à quoi ressemblaient ces panaches ni comment les particules arrivaient là.
Des virus et des bactéries sont relâchées dans l'air par la chasse d'eau
Or, ces particules ne sont pas anodines pour la santé. En effet, elles sont connues pour transporter des agents pathogènes. Parmi eux, E. coli responsables de troubles variés, allant d'une diarrhée bénigne à des formes plus graves comme des diarrhées hémorragiques pouvant évoluer vers des atteintes rénales sévères telles que le syndrome hémolytique et urémique (SHU), d’après l’Institut Pasteur.
Clostridium difficile également, une bactérie qui provoque des symptômes typiques varient de selles légèrement molles à des diarrhées sanglantes, des douleurs abdominales et de la fièvre.
On note aussi la présence des norovirus, des virus très contagieux qui causent de la diarrhée et des vomissements et enfin les adénovirus qui représentent une cause importante de maladies respiratoires aiguës caractérisées par une fièvre, une rhinite, une pharyngite, une toux et une conjonctivite.
Ces agents pathogènes peuvent en outre persister dans la cuvette pendant des dizaines de chasses d'eau, ce qui augmente le risque d'exposition.
Les plus petites particules sont particulièrement néfastes
"Alors que les plus grosses gouttelettes ont tendance à se déposer sur les surfaces en quelques secondes, les plus petites particules (aérosols de moins de 5 microns, soit un millionième de mètre) peuvent rester en suspension dans l'air pendant des minutes ou plus”, indiquent les auteurs.
Or elles sont spécialement dangereuses : elles peuvent échapper aux poils du nez et pénétrer plus profondément dans les poumons.
Le dispositif expérimental ne comprenait pas de déchets solides ou de papier toilette dans la cuvette, et il n'y avait pas de cabines ni de personnes en mouvement. "Ces variables de la vie réelle pourraient toutes exacerber le problème”, a déclaré John Crimaldi, auteur principal de l'étude et professeur d'ingénierie civile, environnementale et architecturale.