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Pesticides

Chlordécone : 4 recommandations pour réduire l’exposition alimentaire aux Antilles

Par Sophie Raffin

Le chlordécone n’est plus utilisé en Guadeloupe et Martinique depuis 1993 mais ce pesticide, reconnu comme perturbateur endocrinien et cancérogène, est encore présent dans les sols et les eaux antillaises. L'Anses a mené une nouvelle expertise sur les risques liés à l'exposition de la population de ces îles et détaillé 4 moyens pour réduire l’exposition alimentaire.

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14 % des Guadeloupéens et 25 % des Martiniquais présentent un taux de chlordécone supérieur au 0,4 microgramme par litre de plasma, fixé par l'Anses.
Classé comme cancérogène probable par l'OMS dès 1979, ce pesticide a continué à être utilisé dans les Antilles françaises pour lutter contre le charançon.
Diverses études ont mis en évidence son impact sur le développement psychomoteur des bébés et sur la fertilité ainsi que son lien avec divers cancers hormono-dépendants.

L’Anses confirme dans sa nouvelle expertise, publiée le 6 décembre 2022, que la population antillaise présente un risque de surexposition au chlordécone, pesticide classé comme possible cancérigène en 1979 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Si ce produit a été interdit en France métropolitaine en 1990, son utilisation a été maintenue dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique jusqu’en 1993 par le biais de dérogations ministérielles. Selon les estimations, au moins un tiers des surfaces agricoles et des littoraux marins des deux îles seraient pollués par le produit toxique.

L’organisme de santé a détaillé 4 recommandations à suivre dans ces départements pour réduire "fortement le risque de dépasser la valeur sanitaire externe qu’elle a établi en 2021". 

Chlordécone : limiter la consommation de certains aliments

Diverses études ont confirmé la contamination au chlordécone des sols, de la faune ainsi que de diverses denrées alimentaires locales des Antilles. "De nos jours, la pollution des sols au chlordécone persiste du fait de son exceptionnelle résistance à la dégradation biotique et abiotique. Par le biais de l’alimentation, les populations continuent à y être exposées", confirme l’IRSET (Institut de Recherche en Santé, Environnement et Travail) sur son site. 

Pour réduire le contact avec la substance cancérigène, l’Anses recommande de : 

  1. limiter à quatre fois par semaine la consommation de produits de la pêche en provenance des circuits courts (pêche de loisir, de subsistance ou achat sur le bord des routes) ;
  2. ne pas manger de produits de pêche en eau douce issus des zones d’interdiction de pêche définies par arrêté préfectoral ;
  3. limiter à deux fois par semaine la consommation de racines et de tubercules provenant des jardins en zone réputée contaminée. En cas d’incertitudes, il est préférable de s’adresser aux conseillers du programme des jardins familiaux (JAFA).

Chlordécone aux Antilles : méfiance si vous avez des poules

Le nouveau rapport de l’Anses met également en garde contre "la consommation d’œufs autoproduits en zone réputée contaminée contribue fortement à l’exposition au chlordécone". Si vous avez des poules chez vous, l’agence recommande d’éloigner les animaux le plus possible des sols pollués et de les nourrir avec des aliments non contaminés.

Elle conseille aussi de se rapprocher des programmes jardins familiaux JAFA pilotés par les agences régionales de santé en Guadeloupe et en Martinique. Ils permettent de "vérifier la concentration en chlordécone du sol et de fournir des conseils personnalisés sur les pratiques d’élevage adaptés aux jardins familiaux". 

L’organisme de santé conclut que de nouvelles données sont nécessaires pour "identifier d’autres moyens de réduction de l’exposition au chlordécone". Elle estime qu’il faudrait aussi élargir “le champ d’investigation de l’exposition à d’autres contaminants chimiques" de manière à "adapter et à compléter les mesures de protection des populations aux Antilles".