Les enfants ne doivent pas regarder la télévision avant trois ans. C’est la recommandation de la société française de pédiatrie. Mais après cet âge, il est important de rester vigilant. Un excès de temps passé devant le petit écran augmente le risque de souffrir de différentes pathologies. Récemment, une équipe de recherche de l’université d’Otago, située en Nouvelle-Zélande, a démontré que les enfants et les adolescents qui regardent beaucoup la télévision sont exposés à un risque plus élevé d’addictions à l’âge adulte. Les résultats de leur étude ont été publiés dans International Journal of Mental Health and Addiction.
La télévision, une porte d’entrée vers d’autres addictions
"Les gens parlent souvent du fait de regarder la télévision comme d'une dépendance, précise Helena McAnally, co-autrice de l’étude. Cette recherche indique que, pour certaines personnes, le fait de regarder la télévision peut être l'expression précoce d'un trouble de dépendance ou peut conduire ultérieurement à des troubles liés à la toxicomanie et à d'autres troubles de dépendance." Avec l’équipe de recherche, ils sont parvenus à ce constat après avoir analysé des données issues d’une étude multidisciplinaire sur la santé, qui a démarré en 1972. Elle leur a permis d’observer les évolutions d’un groupe d’enfants, jusqu’à l’âge adulte. La durée passée devant la télévision chaque jour a été mesurée lorsque les participants avaient entre 5 et 15 ans. En moyenne, ils passaient plus de 2 h devant la télévision, chaque jour. Les résultats montrent que les garçons regardaient plus la télévision que les filles.
Cannabis, tabac, jeu, alcool : des risques d’addictions multiples liés à la télévision
Avant l’âge adulte, cet excès de temps passé devant la télévision a déjà des conséquences. Les scientifiques ont constaté que les enfants qui regardaient le plus le petit écran avaient plus de difficultés à faire preuve de contrôle d’eux-mêmes, en comparaison aux autres enfants. À l’âge adulte, ces mêmes enfants étaient plus à risque de souffrir de troubles liés à la consommation de substances, comme le tabac, et au jeu. "Outre le tabagisme et le jeu, les résultats de l'étude ont montré un lien étroit entre l'excès de télévision pendant l'adolescence et un risque plus élevé de troubles liés à l'alcool et au cannabis", ajoutent les auteurs.
"À notre connaissance, cette recherche est parmi les premières à évaluer comment un comportement courant, mais potentiellement addictif, comme regarder la télévision, est lié à des troubles ultérieurs liés à la consommation de substances et au jeu compulsif", complète le co-auteur de l’étude, Bob Hancox. Or, les données sont anciennes, et depuis le temps passé devant la télévision pendant l’enfance a probablement augmenté. "À la télévision, d’autres formes de comportements liés aux écrans ont été ajoutées, comme les jeux en ligne, qui peuvent être encore plus "addictifs", soulignent les auteurs.