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38 % d'opposants

Vaccination : la crise de confiance des Français remonte à la grippe H1N1

Par Arnaud Aubry

Entre 2000 et 2010, les Français qui ne font pas confiance aux vaccins sont passés de 8 % à 38 %. Le virus de la grippe H1N1 semble être la cause de ce changement d'attitude.  

FAYOLLE PASCAL/SIPA
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S'il existait déjà des suspicions, le rapport de cause à effet semble cette fois clairement établi : la pandémie de grippe H1N1 et les campagnes vaccinales de masse qui ont suivi ont  renforcé de manière déterminante l'opposition des Français à la vaccination en général. Pour la première fois, une étude conduite par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (1) a tenté d'analyser cet impact parmi des personnes âgées de 18 à 75 ans. Les personnes opposées à la vaccination sont passées de 8,5 % de la population en 2000 et 9,6 % en 2005 à 38,2 % en 2010.
Avec un effondrement de la confiance aux deux extrêmes: les personnes très défavorables aux vaccins sont passées de 2,7 % en 2000 à 19 % en 2010 ; dans le même temps, les personnes très favorables aux vaccins sont passées de 43,6 % en 2000 à 15 % en 2010.


Selon les chercheurs, cette impressionnante croissance des opposants à la vaccination au sein de la population française est clairement liée à la pandémie de grippe H1N1. Ainsi, en 2010, parmi les personnes répondant au sondage qui se déclaraient opposées à toutes formes de vaccin, 50 % mentionnaient précisément et spontanément leur opposition au vaccin contre la grippe H1N1. Le pic de défiance envers la vaccination est atteint entre décembre 2009 et janvier 2010, c'est-à-dire au moment où les médias français commencèrent à critiquer les autorités sanitaires françaises et l'OMS pour avoir exagéré la gravité de la pandémie de grippe H1N1. 
« Nos résultats suggèrent fortement que la grippe A épisode (H1N1) 2009 a eu un impact dramatique sur les attitudes envers la vaccination en général », insistent les auteurs de l'étude.

En plus de cette augmentation, le profil sociodémographique des opposants semble avoir évolué. L'étude montre que les réserves à la vaccination sont  plus fréquentes chez les personnes peu éduquées. Ainsi, si 11 % des personnes sans diplômes étaient opposées à la vaccination en 2000, elles sont en 2010 48 %. Dans le même temps, les personnes ayant fait au moins 4 ans d'études supérieurs et étant opposées à tout type de vaccin sont passées de 6 % à 23 %.

La conclusion de l'étude est particulièrement alarmiste : notant que « l'attitude [c'est-à-dire l'opinion vis-à-vis des vaccins] et le comportement [c'est-à-dire le fait de se faire vacciner ou non] sont liés, ce phénomène pourrait avoir un impact considérable » sur les futurs campagnes de vaccination. L'étude conseille même aux « autorités sanitaires de s'intéresser urgemment au manque de confiance croissant envers la vaccination ».

(1) Ces résultats, publiés en fin de semaine dans le journal EuroSurveillance (spécialisé dans l'épidémiologie), ont été obtenus en analysant les données de 3 sondages réalisés par l'INPES par téléphone en 2000, 2005 et 2010.