L’hyperphagie boulimique concerne 3 à 5 % de la population française, selon la Haute autorité de santé (HAS). En parallèle, 4 à 16 % des enfants seraient victimes de violence physique et 1 sur 10 serait victime de négligence ou de violence psychologique chaque année, selon un rapport de l’HAS en 2014.
Hyperphagie boulimique : le stress du traumatisme fait dysfonctionner le cerveau
Une scientifique de Virginia Tech, la professeure Sora Shin, a identifié avec son équipe de laboratoire comment un traumatisme précoce peut modifier le cerveau et augmenter le risque de crises d’hyperphagie boulimique plus tard dans la vie. Un mécanisme du cerveau qui fournit généralement des signaux pour arrêter de manger pourrait être altéré par un traumatisme dans l’enfance. Son étude, menée sur des souris, a été publiée le 12 décembre dans Nature Neuroscience. La chercheuse a découvert que le stress des souris qui ont été séparées de leurs compagnons de litière peut déclencher des changements de comportement alimentaire à vie.
"Nous voulions connaître le mécanisme sous-jacent à la façon dont les traumatismes précoces induisent ces troubles de l'alimentation, a déclaré Sora Shin dans un communiqué. Ce que nous avons découvert est un circuit cérébral spécifique qui est vulnérable au stress, ce qui le rend dysfonctionnel."
Pour identifier le lien entre le trouble et le traumatisme précoce, Sora Shin et son équipe ont étudié l'impact d'une hormone dans le cerveau qu'on appelle la leptine. La leptine est connue depuis longtemps pour supprimer l'appétit et la prise de poids en signalant au cerveau qu'il est temps d'arrêter de manger.
TCA : étudier le cerveau permettra de développer des stratégies thérapeutiques
L'équipe a découvert que chez les souris qui ont subi un stress au début de leur vie et qui ont présenté un comportement similaire à la frénésie alimentaire, la leptine est moins efficace dans une partie du cerveau, appelée "hypothalamus latéral", où de nombreux comportements sont régulés. Sans ces signaux du cerveau, la suralimentation se poursuit. En creusant plus profondément, les chercheurs ont identifié des neurones dans une autre partie du cerveau qui répondent au message de la leptine et de l'hypothalamus latéral, régulant ainsi les crises d’hyperphagie boulimique.
"Il reste encore beaucoup de recherches à faire, a souligné Sora Shin, mais en connaissant la molécule et les récepteurs spécifiques du cerveau à cibler, nous pouvons désormais fournir des informations et les bases pour développer des stratégies thérapeutiques pour ce trouble."