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Gueule de bois : et si c'était à cause de vos gènes ?

Par Mégane Fleury

La probabilité de souffrir d'une gueule de bois, après une soirée trop riche en alcool, serait liée à la génétique, mais aussi à des facteurs psychologiques. 

LightFieldStudios/istock
5 % de la population serait résistante à la gueule de bois, selon l’auteur.
Les symptômes de la gueule de bois sont plus intenses lorsque le taux d’alcoolémie redescend à un niveau proche de zéro.
Les symptômes peuvent durer plus de 24 heures.

La soirée a été bonne, le lendemain l’est un peu moins. Les excès d’alcool engendrent généralement une gueule de bois, mais ses symptômes et sa gravité varient selon les individus. Cela peut se manifester par des maux de tête, des troubles digestifs, des courbatures, une plus grande sensibilité, etc. Craig Gunn, professeur de psychologie à l’université de Bristol, au Royaume-Uni, s’est intéressé à la "variabilité" de la gueule de bois, pour tenter de comprendre pourquoi certaines personnes sont épargnées. Il publie un article à ce sujet dans la version anglophone du site The Conversation. 

La génétique, une explication à la gueule de bois ?

"Certaines recherches suggèrent que les personnes atteintes d'une variation du gène ALDH2 déclarent avoir une gueule de bois plus grave", explique l’auteur. Dans notre organisme, l’alcool est décomposé par une enzyme appelée alcool déshydrogénase, il se transforme ensuite en acétaldéhyde, qui participe à l’apparition des symptômes de la gueule de bois. "Cependant, la variante du gène ALDH2 limite la dégradation de l'acétaldéhyde, entraînant une plus grande accumulation de la protéine, donc des symptômes de gueule de bois plus importants", poursuit le chercheur.

Mais d’autres facteurs pourraient aussi avoir un impact : l’âge et le sexe. "Une récente enquête en ligne auprès de 761 consommateurs d'alcool néerlandais révèle que la gravité de la gueule de bois diminue avec l'âge, même en tenant compte de la quantité d'alcool consommée, développe-t-il. Fait intéressant, les auteurs ont également signalé des différences dans la gravité de la gueule de bois entre les hommes et les femmes." Ainsi, les hommes jeunes étaient plus nombreux à signaler des symptômes plus sévères de gueule de bois, en comparaison aux femmes jeunes. 

La gueule de bois peut être influencée par des facteurs psychologiques 

La variation des symptômes d’une personne à l’autre est aussi liée à la façon dont nous les vivons. Pour Craig Gunn, les personnes souffrant de stress, d’anxiété ou de dépression ont plus de risques d’avoir des symptômes plus forts. "La gueule de bois a tendance à amener les gens à interpréter le monde de manière plus négative, explique ce spécialiste. En conséquence, la gueule de bois peut exacerber ce biais négatif, conduisant certaines personnes à se sentir plus mal que d’autres."

Il ajoute que cela est aussi influencé par notre manière de gérer les émotions et les évènements. "Les personnes ayant des niveaux élevés de catastrophisation de la douleur signalent des gueules de bois plus graves, ce qui suggère qu'elles se concentrent sur leurs symptômes négatifs voire qu’elles les amplifient", observe-t-il. La notion de catastrophisation désigne le fait de ressentir une douleur plus fortement ou par anticipation. 

Gueule de bois : comment éviter ces symptômes ? 

Quelle que soit la sévérité de la gueule de bois, tout le monde souhaite la même chose : éliminer rapidement ces symptômes. Internet regorge d’astuces et de remèdes de grand-mère non-approuvés par la science. "Les personnes doivent attendre que l’organisme finisse d’éliminer les sous-produits toxiques de la métabolisation de l’alcool, qu’il se réhydrate, que les tissus irrités guérissent et que l’immunité et l’activité cérébrale reviennent à la normale, explique le National Institute of Health, une institution sanitaire américaine. Il n’y a pas de moyen d’accélérer la récupération cérébrale après la consommation d’alcool : boire du café, prendre une douche ou boire une boisson alcoolisée le lendemain matin ne soignera pas une gueule de bois."

La consommation d’analgésiques avant de se coucher est à éviter, car "l’association d’alcool et de paracétamol peut être toxique pour le foie". La meilleure technique pour éviter la gueule de bois est tout simplement de boire avec modération ou de privilégier les boissons sans alcool !