Peu importe à quel point le personnage est égoïste, avide de pouvoir ou cupide, beaucoup d'entre nous aiment le “méchant” du film. Son côté obscur nous interpelle et nous fascine, parfois bien plus que le “gentil”. La raison, selon une nouvelle étude de l'université du Michigan ? Nous avons tendance à leur prêter des qualités rédemptrices.
Le “vrai moi” d’Ursula et Woody passé à la loupe
Pour déterminer comment les individus donnent un sens aux actes antisociaux commis dans les longs métrages, les chercheurs de l’université américaine ont mené trois études auprès de 434 enfants (âgés de 4 à 12 ans) et 277 adultes. Les travaux qui paraîtront dans la revue Cognition d’avril 2023, se concentrent sur les gestes des méchants et des héros fictifs familiers comme Ursula de La Petite Sirène ou Woody de Toy Story.
La première expérience a révélé que les enfants considéraient les actions et les émotions des méchants comme extrêmement négatives. Cela suggère que la tendance du jeune public à juger les gens comme bons n'empêche pas leur appréciation des formes extrêmes de méchanceté.
Les deux tests suivants ont évalué les croyances des petits et grands spectateurs concernant le caractère moral des personnages. Ils devaient entre autres évaluer comment ils se sentaient, si leurs actions reflétaient leur "vrai moi" ou encore s'ils pouvaient changer avec le temps.
Les méchants sont “intérieurement bons” pour les spectateurs
Les données recueillies ont montré que les enfants et les adultes évaluent systématiquement le moi des méchants comme étant extrêmement mauvais et beaucoup plus négatif que celui des héros. Toutefois, les chercheurs ont aussi détecté une asymétrie dans leurs jugements. En effet pour les volontaires interrogés, les personnages malveillants étaient plus susceptibles d'avoir un “moi” qui différait de leur comportement extérieur que les héros. Les enfants et les adultes croyaient que des protagonistes comme Ursula pouvaient avoir une certaine bonté intérieure, malgré leurs actions mauvaises ou immorales. En revanche, ils étaient très peu nombreux à imaginer que Woody puisse être “intérieurement mauvais”.
"En d'autres termes, les gens croient qu'il y a un décalage entre les comportements extérieurs d'un vilain et son moi intérieur. Et, c'est un plus grand écart pour les méchants que pour les héros", explique Valerie Umscheid, doctorante en psychologie à l'université du Michigan et auteure principale de l'étude.