- La surdité est la diminution de la capacité à percevoir les sons (diminution de l'ouïe).
- Selon l'Inserm, plus de 65 % des Français de 65 ans et plus présentent une perte d'audition.
- On parle de surdité légère si la perte auditive est située entre 21 et 40 dB, moyenne entre 41 et 70 dB et sévère entre 70 et 90 dB. La surdité est considérée totale au delà de 90 db.
Il a été établi depuis longtemps que la perte d’audition observée après 65 ans était liée à la destruction des cellules ciliées de l’oreille interne avec le temps. Des chercheurs de l’université Johns-Hopkins ont voulu mieux comprendre le fonctionnement du cerveau face à ce trouble. En étudiant des souris, ils ont découvert que le cerveau pourrait aussi être impliqué.
Les rongeurs âgés présentaient plus de difficultés à désactiver certaines cellules cérébrales lorsqu’ils étaient dans un environnement bruyant. Ce "flou sonore" empêcherait le cerveau de se concentrer sur un type de son comme des mots.
Problème d'audition : l'activité neuronale des souris a été enregistrée
Pour cette étude parue dans The Journal of Neuroscience début décembre, les scientifiques ont enregistré l'activité des neurones situés dans le cortex auditif de 12 souris âgées (entre 16 et 24 mois) et de 10 jeunes souris (entre 2 et 6 mois). Ces rongeurs étaient conditionnés à lécher de l’eau lorsqu'ils entendaient un son. Le même exercice a ensuite été effectué avec un "bruit blanc" en arrière-plan.
Pendant les phases calmes, les animaux les plus âgés effectuaient la tâche aussi bien que les plus jeunes. En revanche, quand le bruit blanc était introduit, les vieilles souris étaient moins performantes pour détecter le son et lécher le goutte-à-goutte que les jeunes souris. Pour comprendre comment les neurones auditifs fonctionnaient lors de ces tests, les chercheurs ont observé le cerveau des rongeurs grâce à la microscopie par excitation à deux photons.
Trouble auditif lié à l’âge : les neurones ne se "désactivent" pas
Les examens ont montré que lorsque les circuits cérébraux fonctionnaient correctement en présence de bruit ambiant, une partie de l'activité des neurones augmentait quand les souris entendaient le son et, en même temps, d'autres neurones étaient réprimés ou désactivés. Chez la plupart des vieilles souris, l'équilibre a basculé vers des neurones principalement actifs, et ceux qui étaient censés s'éteindre lorsque la tonalité était jouée en présence d'un fond bruyant, ne l'ont pas fait.
L'équipe a aussi découvert aussi que juste avant le retentissement du signal, il y avait jusqu'à deux fois plus d'activité neuronale chez les "aînés", en particulier chez les mâles. Cela conduisait les animaux à lécher l’eau avant le début du son. Les résultats montrent également que les jeunes avaient la capacité de supprimer les effets du bruit ambiant sur l'activité des neurones alors que les plus âgés n’y parvenaient pas.
"Chez les animaux plus âgés, le bruit ambiant semble rendre l'activité des neurones plus floue, perturbant la capacité de distinguer les sons individuels", explique le Pr Patrick Kanold, professeur de génie biomédical à l'Université Johns-Hopkins. Pour le scientifique, sa découverte ouvre la porte à un traitement de la perte auditive liée à l’âge. "Il peut y avoir des moyens d'entraîner le cerveau à se concentrer sur un son individuel au milieu d'une cacophonie de bruit", assure-t-il. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour cartographier avec précision le lien entre l'incapacité à désactiver certains neurones et la perte auditive au milieu du son ambiant.