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Impact négatif de la nicotine

E-cigarette : un institut international pointe ses dangers

Par Julian Prial

Un organisme international spécialisé dans les maladies respiratoires souhaite une réglementation stricte pour la e-cigarette. L'impact négatif sur les ados est mis en cause.

BEBERT BRUNO/SIPA
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La cigarette électronique n'a pas que des aficionados ! L'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (1) a émis de vives réserves sur la e-cigarette. Pour cette organisation de santé internationale, ce produit désormais consommé par 1,5 million de vapoteurs en France et près de 7 fois plus en Europe, ne serait pas si anodin.

Un produit dangereux pour les ados 
L'Union justifie sa prise de position par « l'impact négatif potentiel de la nicotine sur le développement du cerveau des adolescents » et « sur le risque de dépendance à la nicotine » pour des jeunes qui ne sont pas encore dépendants au tabac. Un problème sur lequel les autorités américaines avaient déjà alerté. Début septembre, Tom Frieden, directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) s'était déjà inquiété des risques du produit car la nicotine que contient la cigarette électronique « est une drogue qui entraîne une forte dépendance et de nombreux jeunes qui commencent avec elle peuvent être condamnés à être dépendants toute leur vie », expliquait-il. Cette crainte est d'autant plus accentuée outre-Atlantique que 10 % des lycéens et 3% des collégiens américains vapotent, soit deux fois plus qu’en 2012.
L'Union rappelle d'ailleurs « qu'aucune étude scientifique n'a démontré l'absence de nocivité de ces produits. »

L'appel à une stricte régulation

Pour toutes ces raisons, l'organisation internationale souhaite rapidement une plus stricte régulation de la fabrication, du marketing et de la vente des cigarettes électroniques. Elle voudrait notamment que ces produits entrent dans la catégorie des médicaments.
Un appel dans le vide ? Sur ce point, les députés européens ont donné raison début octobre aux consommateurs qui ne souhaitaient pas que la e-cigarette soit vendue en pharmacie. Par 283 voix de députés pour, et 386 voix contre, la directive européene qui visait à réserver cette vente aux pharmaciens a été rejetée par les eurodéputés.
Par ailleurs, s'il n'était pas possible de classer l'e-cigarette comme médicament, l'Union réclame « l'interdiction de sa publicité, de sa vente aux mineurs et de son utilisation dans les lieux publics. Elle demande aussi l'affichage du détail de la composition des liquides, et des étiquettes de mise en garde. » Et sur la publicité, la France pourrait bien devancer les attentes de l'organisation. Marisol Touraine est en effet sur le point de signer une circulaire qui interdira la publicité autour de la e-cigarette. L'interdiction de vapoter dans les lieux publics est aussi à l'étude par le gouvernement. S'agissant de sa vente aux mineurs, elle est déjà interdite en France.

Moins dangereuse que la cigarette classique
Interrogé fin août par pourquoidocteur, le Dr Gérard Mathern, secrétaire général de la Société Française de Tabacologie, indiquait que, « si l'on compare les deux produits, vapoter reste infiniment mieux que fumer la cigarette conventionnelle. Tout d'abord, cette dernière contient par exemple du goudron, une substance extrêmement toxique et collante qui transporte beaucoup d'éléments toxiques. A la longue, il cause le cancer de la gorge et du poumon, et le cancer de la langue chez les fumeurs de tabac à rouler. »  
Ensuite, Gérard Mathern rappelait également que, « la cigarette conventionnelle crée du monoxyde de carbone, un gaz produit par la combustion du tabac. Il possède des propriétés asphyxiante et polluantes et réduit l'oxygénation des tissus organiques. Il est notamment responsable des maladies cardiovasculaires chez les fumeurs. »
Enfin, d'après le 1er essai comparatif mené en Nouvelle-Zélande et dévoilé début septembre, la e-cigarette serait un outil de sevrage tabagique au moins aussi efficace que les patchs de nicotine !

(1) Fondée en 1920 pour lutter contre la tuberculose, cette union est un institut scientifique international reconnu pour ses activités d'assistance technique, de recherche et de formation. Il regroupe plus de 2 000 organisations et personnes physiques qui ont une vision commune : proposer des solutions de santé pour les pauvres.