- Environ 1,2 millions de personnes sont touchées par la démence en France, selon Santé Publique France.
- La démence se caractérise par une altération croissante de la mémoire et des fonctions cognitives, des troubles du comportement, une perte progressive d’autonomie. Seule 1 démence sur 2 est diagnostiquée, tous stades confondus.
- L'une des principales causes de démence est la maladie d'Alzheimer. En France, plus de 900.000 personnes en sont atteintes, en majorité des femmes.
L'accumulation progressive de plaques amyloïdes dans le cerveau est l'une des caractéristiques de l'apparition de la démence. Cependant, certaines personnes avec la même quantité de plaques que d’autres ne développent pas les mêmes problèmes de cognition ou de mémoire. Des chercheurs de l'American Academy of Neurology ont peut-être enfin trouvé une explication à cela.
Leur étude, publiée il y a quelques mois dans la revue Neurology, révèle que divers facteurs liés au mode de vie, tels que la participation à des clubs sociaux, à des activités sportives ou artistiques, semblent favoriser ce que les chercheurs ont appelé une “réserve cognitive”, une sorte de bouclier cérébral contre le déclin cognitif et la démence. Le niveau de scolarité à l'âge de 26 ans, la profession et la capacité de lecture s'ajoutent également à cette réserve.
La réserve cognitive permet de compenser une faible cognition durant l'enfance
Les chercheurs soulignent que l'un des plus grands points à retenir de leurs travaux est de ne pas arrêter d'apprendre. En effet, leur étude montre que continuer à apprendre tout au long de sa vie peut aider à protéger le cerveau. Cela s'est avéré vrai même parmi les personnes qui avaient des scores inférieurs aux tests cognitifs dans l'enfance, ce qui est particulièrement remarquable puisque des recherches antérieures ont suggéré que les personnes ayant de faibles scores durant l'enfance sont plus susceptibles d'avoir un déclin cognitif plus prononcé en vieillissant.
"Ces résultats sont passionnants car ils indiquent que la capacité cognitive est soumise à des facteurs tout au long de notre vie et que la participation à un mode de vie intellectuellement, socialement et physiquement actif peut aider à prévenir le déclin cognitif et la démence, a déclaré l'auteure de l'étude, Dorina Cadar, dans un communiqué de presse. Il est encourageant de constater que la constitution de sa réserve cognitive peut compenser l'influence négative d'une faible cognition infantile pour les personnes qui n'auraient peut-être pas bénéficié d'une enfance enrichissante et offrir une plus grande résilience mentale jusqu'à plus tard dans la vie."
La lecture aide aussi à prévenir le déclin cognitif et la démence
Pour cette étude, 1.184 participants nés en 1946 au Royaume-Uni ont passé des tests cognitifs à l'âge de 8 ans, puis à nouveau à l'âge de 69 ans. Ensuite, l'équipe de chercheurs a utilisé un indice de réserve cognitive pour combiner le niveau d'éducation des personnes à 26 ans, leur participation à des loisirs enrichissants à l'âge de 43 ans et leur profession jusqu'à 53 ans. Les compétences en lecture à 53 ans ont également été évaluées comme une mesure de l'apprentissage tout au long de la vie, considéré comme distinct de l'éducation et de la profession.
Des compétences cognitives élevées pendant l'enfance, un indice de réserve cognitive et une capacité de lecture plus élevés ont tous été associés à des scores plus hauts au test cognitif à l'âge de 69 ans. De plus, les participants ayant un indice de réserve cognitive et une capacité de lecture plus élevés avaient tendance à voir leurs scores cognitifs diminuer à un rythme plus lent que les personnes ayant des scores inférieurs, quels que soient les résultats des tests de l'enfance.
Société : les avantages à investir dans les activités qui stimulent le cerveau
Les auteurs de l’étude ont souligné les vastes avantages à long terme pour la santé publique et la société à investir dans l'enseignement supérieur, à élargir les possibilités d'activités de loisirs et à proposer des activités cognitives stimulantes pour la population, en particulier pour les personnes qui travaillent dans des professions moins qualifiées.
Cependant, ils notent que leurs travaux ont certaines limites. Par exemple, les participants qui sont restés dans l'étude jusqu'à l'âge de 69 ans étaient plus susceptibles d'être en meilleure santé, d'avoir des capacités de réflexion globales plus fortes et d'être socialement plus avantagés que ceux qui n'ont pas suivi le projet. Ainsi, ces résultats peuvent ne pas refléter la population générale.