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Enfant

Cuisiner au gaz serait-il responsable de l'asthme infantile ? 

Par Joséphine Argence

Deux études américaine et européenne ont récemment alerté sur les dangers de la cuisine au gaz, en particulier chez les enfants. Ce combustible pourrait notamment favoriser l’apparition de l’asthme infantile. 

Taborsk/IStock
L’asthme est une pathologie respiratoire due à une inflammation permanente des bronches.
Près de 4 millions de personnes sont concernées par l’asthme en France.

L’asthme peut survenir à certaines périodes de la vie d'un l’enfant ou être présent toute l’année. Il se manifeste généralement par une crise d’asthme qui peut s’accompagner d’une gêne respiratoire, d’une sensation d’étouffement, d’une toux sèche ou encore d’une respiration sifflante. 

Différentes causes peuvent favoriser l’apparition de l’asthme infantile. C’est notamment le cas des prédispositions génétiques, des allergènes, d’une mauvaise qualité de l’air, de la pollution ou encore d’une activité physique (l'asthme d’effort). 

Le gaz serait à l’origine de 12 % des cas d’asthme chez les enfants 

Deux récentes études ont récemment observé les effets de la cuisine au gaz sur la santé respiratoire des enfants. Selon ces publications, le gaz serait responsable de 12 % des cas d’asthme infantile aux États-Unis et en Europe. Pourtant, ces résultats font débat car l’utilisation du gaz est encouragée dans les pays en développement. Ce combustible est considéré comme une alternative à la cuisson au charbon et au bois, dont la nocivité a été établie. 

Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques du Rocky Mountain Institute (RMI) ont réalisé une méta-analyse de 41 études américaines associée aux données du recensement américain. Selon leurs résultats publiés dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health en décembre 2022, 12,7 % des cas d’asthme chez les enfants américains seraient dus à la cuisine au gaz. "L’utilisation d’une cuisinière à gaz, c’est à peu près comme si un fumeur vivait dans votre maison", a alerté Talor Gruenwald, auteur principal de l’étude. 

Cuisine au gaz : des niveaux de dioxyde d’azote très élevés 

Lundi 9 janvier, une étude européenne menée par les associations Clasp, Respire et l’Alliance européenne pour la santé publique a dévoilé des résultats similaires à ceux de la recherche du RMI. Lors des travaux, les tests en laboratoire et les simulations informatiques ont été réalisés par l’Organisation pour la recherche scientifique appliquée des Pays-Bas (TNO).

D’après les chercheurs, environ 12 % des cas d’asthme infantile sont associés à la cuisine au gaz. Les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) ont dépassé 5 jours sur 7 les limites maximales fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cependant, ce rapport commandé par les Organisations non gouvernementales (ONG) n’a pas été publié dans une revue scientifique et validé par un comité de pairs. 

Pour attester ces résultats, l’association Clasp mène actuellement une expérimentation dans 280 cuisines européennes, dont 40 en France. 

Des résultats à prendre avec prudence 

Aux yeux de Daniel Pope, professeur de santé publique à l’université de Liverpool (Royaume-Uni), l’association entre l’asthme et la cuisine au gaz n’a pas été définitivement établie. Il est donc nécessaire de réaliser des recherches supplémentaires et de prendre ces premiers résultats avec des pincettes. 

Ce scientifique dirige également une étude sur les effets des différents combustibles sur la santé. Selon ses recherches, le gaz présente des "effets négligeables par rapport à l’électricité pour tous les aspects de la santé, y compris l’asthme". Pourtant, Daniel Pope espère que les publications américaine et européenne ne détruiront pas les efforts effectués pour réduire les cuissons au bois et au charbon, en particulier dans les pays en développement.