En 2019, une personne sur huit dans le monde – soit 970 millions de personnes – présentait un trouble mental, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ceux-ci peuvent être définis comme une altération majeure, sur le plan clinique, de l’état cognitif, de la régulation des émotions ou du comportement d’un individu. Il en existe plusieurs.
La matière grise diminue dans certaines zones cérébrales
Des chercheurs ont voulu comprendre les régions du cerveau impliquées dans plusieurs de ces troubles mentaux. Ils en ont isolé six : la dépression, l’anxiété, la schizophrénie, le trouble bipolaire, la toxicomanie et le trouble obsessionnel compulsif (TOC).
Pour les étudier, ils ont analysé les données cérébrales de 15.000 personnes. Parmi elles, certaines ne souffraient pas de maladie mentale et d’autres en présentaient. Leurs résultats sont publiés dans la revue Nature Human Behavior.
Chez ceux qui avaient des troubles mentaux, certaines zones du cerveau étaient touchées. Il s’agit de la cingulaire antérieure, une région associée aux émotions, et de l’insula, une zone liée à la conscience de soi. Dedans, la matière grise était diminuée. Néanmoins, ces régions du cerveau sont aussi affectées par les maladies neurodégénératives.
Maladies mentales : des blessures sur le réseau transdiagnostique augmentent le risque
Pour mieux comprendre la façon dont les troubles mentaux touchent spécifiquement le cerveau, ils ont analysé le connectome, une carte existante des connexions cérébrales humaines. Ainsi, ils ont découvert un réseau spécifique aux diminutions de matière grise, commun à tous les diagnostics de maladies mentales, c’est le réseau transdiagnostique. Ce n’est donc pas le résultat de la diminution de la matière grise qui importerait pour les maladies mentales mais plutôt le chemin pris par cette altération.
Pour affiner leurs recherches, les scientifiques ont analysé les dossiers médicaux de 194 anciens combattants de la guerre du Vietnam. Ceux-ci présentaient une blessure au cerveau. L’objectif ici était de voir si la zone touchée avait un impact sur le trouble mental diagnostiqué chez ces anciens combattants. Et les résultats sont probants : en effet, ceux qui avaient des blessures sur le réseau transdiagnostique avaient une probabilité plus élevée de souffrir de troubles psychiatriques multiples.
Troubles psychiatriques et cérébraux : "plus de points communs que nous ne le pensions"
Néanmoins, d’après les chercheurs, la diminution de la matière grise dans le cingulaire antérieur et l'insula ne serait pas la cause de la maladie psychique - contrairement à ce que l’on pensait jusqu’à présent - mais plutôt une conséquence. "Nous avons constaté que les lésions de ces régions — la cingulaire antérieur et l’insula — étaient corrélées à moins de maladies psychiatriques, donc l’atrophie de ce cingulaire et de cette insula peut être une conséquence ou une compensation de la maladie psychiatrique plutôt qu’une cause de celle-ci", explique Joseph J. Taylor, l’un des auteurs, dans un communiqué.
Les scientifiques espèrent que l’identification de ce réseau transdiagnostique spécifique aux maladies psychiatriques va permettre de nouvelles études et de nouvelles avancées dans la compréhension et la prise en charge des troubles mentaux.
"Les troubles psychiatriques sont des troubles cérébraux, et maintenant nous commençons tout juste à avoir les outils pour étudier et moduler leurs circuits sous-jacents, conclut Joseph J. Taylor. Il peut y avoir plus de points communs entre ces troubles que nous ne le pensions initialement".