Chaque vague de froid traduit son drame, une cinquantaine de sans-abris sont retrouvés morts chaque année. Par ailleurs, des milliers de Français, dont les conditions de vie sont précaires, souffrent du froid, en particulier, les personnes âgées qui supportent mal l'amplitude thermique que représente le passage répété d’une pièce surchauffée au reste d’une habitation glaciale.
Froid : notre organisme fait bien les choses
Notre chaudière personnelle n'est pas un chauffage ordinaire, mais une centrale ultra précise qui doit maintenir une température de 36,5 à 37,5 degrés. La régulation thermique dépend d'une zone au milieu de notre cerveau qui envoie des signaux nerveux à nos muscles pour provoquer une horripilation - le terme scientifique de la chair de poule - puis une contraction, si notre température baisse. Il s’agit des frissons de froid. Le but est de générer de la chaleur grâce à nos muscles. Au contraire, si la température corporelle augmente, le cerveau va ordonner la dilatation des vaisseaux sanguins pour dissiper la chaleur, entraînant alors rougissement et transpiration.
En hiver, la bonne tenue vestimentaire est celle qui évite les frissons - car si c'est le cas, le corps souffre - et qui n'entraîne pas de sueur, qui peut être dangereuse, les vêtements mouillés perdant la moitié de leur capacité de protection. Quand il faut sortir, l'air froid que l'on respire n'est pas un obstacle car nos corps sont préparés. Il faut respirer par le nez, qui est l'organe de la respiration. L'air entrant est humidifié, purifié par nos poils, et aussi réchauffé par un nombre surprenant de petits vaisseaux. En conclusion, se protéger du froid est avant tout une question de bon sens : vêtements amples et adéquats, une écharpe devant la bouche...
La thérapie par le froid existe depuis l'Antiquité
Le froid tue, le froid blesse mais le froid soulage. Les sportifs ont été étonnés de découvrir une sorte de congélateur où les coureurs sont placés pour mieux récupérer. Pourtant, la cryothérapie, soin par le froid, existe depuis l'Antiquité. Il n'a pas fallu longtemps aux hommes pour découvrir les bienfaits du froid sur les traumatismes mais ce n'est que depuis les années 1970 que les soigneurs utilisent des packs de glace ou des sprays lorsqu'un de leurs poulains se blesse.
Une version plus moderne est la cryothérapie en chambre, utilisée pour traiter le stress, l'insomnie, les rhumatismes, les démangeaisons et certaines affections cutanées comme le psoriasis. Lors de ces séances très courtes - moins de trois minutes- dans une cabine réfrigérée à moins 110 degrés, le corps libère des endorphines, substances semblables à la morphine, pour lutter contre la douleur.
Une autre utilisation de l’un des bienfaits du froid vient des services d'urgence. Inspirés de la survie miraculeuse lors de noyades dans l'eau glacée, ils utilisent des casques réfrigérants et des substances glaçantes, qui, injectées très tôt, permettent de prolonger la durée de survie du cerveau de plusieurs dizaines de minutes après un arrêt cardiaque. C'est pour les services d’urgence une des lignes de recherche les plus modernes.
Enfin, au début du XXe siècle, les chirurgiens hésitaient à opérer le cœur car les battements constants rendaient le geste chirurgical imprécis. Au milieu des années 1940, un chirurgien canadien eut la brillante idée d'utiliser le froid. Il a imaginé qu'en refroidissant tout l'organisme et en diminuant les besoins du corps en oxygène, le rythme cardiaque ralentirait suffisamment pour arrêter le coeur, et permettrait ainsi de l’ouvrir. Aujourd'hui, les chirurgiens utilisent encore de la glace pilée, entourée par un linge, posée directement sur le cœur, pour arrêter rapidement les battements. Pour le redémarrer, il suffit de réchauffer.