Pourrait-on enfin expliquer les cas de dépression chez les femmes ménopausées ? C’est ce que suggèrent les dernières données de l’enquête de cohorte E3N (Etude épidémiologique auprès des femmes de la MGEN – 51 000 au total). Les résultats, publiés dans le journal Menopause, révèle que les symptômes de la dépression sont liés à la reproduction.
On estime que 8 à 15% des femmes ménopausées sont concernées par la dépression. Cette maladie est parfois attribuée au stress de la ménopause, mais elle peut aussi avoir des causes hormonales. Les niveaux d’œstrogènes et de progestérone varient fortement pendant cette période. Lorsque leur niveau est bas, une femme peut être dans un état dépressif. A terme, cela peut entraîner une dépression nerveuse.
Ce volet de l'enquête E3N a tenté d'expliquer pourquoi certaines femmes sont plus exposées que d'autres. Si un passé dépressif favorise bien sûr des troubles psychologiques, d'autres facteurs pourraient y être liés. C'est ainsi que les chercheurs ont rapproché gynécologie et psychiatrie. Ils ont analysé plusieurs facteurs physiologiques afin d'évaluer s’ils influençaient ou non la survenue d’une dépression ménopausale : irrégularité des cycles menstruels, âge et nombre de grossesses, type de ménopause… Ils ont aussi relevé les antécédents psychologiques.
Être mère jeune accroît le risque
Certains éléments liés à la reproduction favorisent la dépression après la ménopause, conclut l'étude. Ainsi, une femme sans troubles mentaux dont le cycle menstruel était irrégulier connaît un risque accru de 35% d’être dépressive pendant cette période. La grossesse joue aussi un rôle dans la survenue d’une dépression. Plus la première grossesse survient jeune, plus le risque est élevé chez les femmes qui ont connu des épisodes dépressifs. Chez les femmes qui n’en ont pas vécu, un âge élevé à la grossesse augmente également les probabilités. Enfin, quand les troubles psychologiques se manifestent avant la dernière période menstruelle, le risque de développer une dépression après une ménopause artificielle est accru de 40%.
Mais les chercheurs ont aussi observé une relation inverse : chez certaines femmes, la fécondité peut réduire le risque de dépression. Plus une femme mène de grossesses à terme, moins il sera probable qu'elle souffre de troubles mentaux. De même, un âge élevé lors de la dernière période menstruelle réduit les risques : pour deux années de plus, ils baissent de 20%.