On les retrouve dans les sauces, les goûters pour enfant ou les crèmes glacées industrielles, ainsi que dans de nombreux produits alimentaires transformés. Ce sont les émulsifiants, des additifs particulièrement répandus dans l’industrie agroalimentaire afin d’améliorer la texture et de conserver plus longtemps les aliments.
Émulsifiants : quels dangers pour notre santé intestinale ?
Le problème, c’est qu’ils produisent plusieurs effets néfastes sur le microbiote intestinal, répertoriés dans la littérature scientifique, ce qui peut conduire à des inflammations. "Chez l'humain comme chez la souris, il a été montré que les additifs alimentaires altéraient la composition du microbiote", précise Benoît Chassaing, directeur de recherche Inserm à l'Institut Cochin.
Heureusement, selon une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs français de l’Inserm publiée dans la revue Gut, que Benoît Chassaing a dirigée, ces dommages pourraient être contrés grâce à une bactérie nommée Akkermansia muciniphila. Cette bactérie, quand elle est consommée sous forme de probiotiques, permettrait de limiter l’impact des émulsifiants sur notre microbiote.
Une bactérie qui freine la dégradation de la paroi intestinale
En effet, la paroi intestinale sert habituellement de protection contre les bactéries et les substances inflammatoires. Cependant, quand il y a une perturbation du microbiote, par exemple à cause d’une alimentation déséquilibrée et trop riche en additifs, la paroi intestinale devient plus perméable. Les bactéries pathogènes et les substances inflammatoires traversent donc plus aisément cette barrière et rejoignent la circulation sanguine.
Selon les chercheurs, la bactérie Akkermansia muciniphila permet de protéger la paroi de l'intestin car elle fabrique un mucus qui empêche les mauvaises bactéries de passer. Au cours de leur étude portant sur des souris, les scientifiques de l'Inserm ont remarqué que quand ils ajoutaient cette bactérie à l'alimentation des rongeurs, la paroi de leur intestin était beaucoup moins endommagée. Si ces résultats sont également observés chez l'humain, "on pourrait freiner la dégradation de la paroi qui empêche le passage de substances toxiques dans le sang et dans différents organes", affirme le Dr William Berrebi, gastroentérologue à Paris.