La gastro-entérite à rotavirus est la première cause de diarrhée aiguë chez l'enfant dans le monde. Des vaccins contre le virus existent, mais ils sont peu utilisés. Pourtant, selon une étude américaine révélée au congrès européen de l’International Society for Pharmaeconomics and Outcomes Research (ISPOR) de Dublin (Irlande), généraliser un tel vaccin permettrait de faire reculer la maladie chez les enfants et les adultes. Au même congrès, une seconde étude, allemande cette fois, a estimé que cela mènerait aussi à des économies de santé d'ampleur.
84% d’hospitalisations en moins
Si l’on vaccinait trois nourrissons sur quatre, selon l’étude américaine, les gastro-entérites à rotavirus chez les moins de 5 ans seraient réduites de deux tiers sur le court-terme, de trois quarts sur le long-terme. Au total, ce sont 84% d’hospitalisations et 82% de consultations qui seraient évitées.
Une réduction de taille de la « pression sur le système de santé », soulignent les auteurs de l’étude. En effet, au-delà de l’effet direct, une vaccination généralisée permet d’induire une protection collective. L’incidence de la gastro-entérite chez les adultes non vaccinées diminuerait donc de 40%.
Ces conclusions rejoignent celles d’une étude publiée cet été dans le Journal of the American Medical Association. Elle estime que 80% des 0-4 ans et 70% des 5-14 ans seraient immunisés avec une vaccination généralisée. Ces deux études ont évalué l’impact d’une recommandation du vaccin contre le rotavirus, notamment l’effet indirect de cette décision sur les personnes non vaccinées. Elles se rejoignent sur un point : une telle mesure pourrait faire reculer fortement les gastro-entérites à rotavirus.
Pas remborusé en France
La seconde étude évalue l’économie d’une vaccination contre le rotavirus avec les deux vaccins disponibles sur le marché allemand. Avec le Rotarix, la collectivité évite de débourser 184 euros par gastro-entérite et 2 457 euros par hospitaliation. Avec le Rotateq, plus coûteux, elle économise 234 euros par gastro-entérite et 2 622 euros par hospitalisation. Les chercheurs estiment que pour réaliser des économies de santé, les prix en Allemagne doivent baisser de 62% à 66%. Il n’en reste pas moins qu’une vaccination généralisée, malgré son coût élevé, permet de réaliser des économies d’échelle.
En France, la situation relève du paradoxe. L’infection à rotavirus cause environ 300 000 épisodes de diarrhée aiguë chez les enfants de moins de 5 ans, 138 000 consultations et 18 000 hospitalisations. Mais le vaccin n’est pas remboursé par la sécurité sociale et il coûte 150 euros. C’est ce prix élevé qui décourage la plupart des parents de vacciner leur enfant. Le Comité technique des vaccinations (CTV) estime que les risques et le coût du vaccin pèsent plus que son bénéfice de santé. La situation est donc bloquée. Pourtant, en tenant compte de l’effet indirect d’une vaccination généralisée, les cas de gastro-entérites à rotavirus pourraient drastiquement réduire… et donc éviter des dépenses de santé sur le long-terme.
Sources : APM International, archives