Tous les ans, les bactéries antibiorésistantes causent le décès de plus de 1,2 million de personnes dans le monde. Cependant, des chercheurs espagnols ont découvert, à l’occasion d’une étude dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Biotechnology, qu’une bactérie génétiquement modifiée pouvait être capable de détruire ses cousines pathogènes qui résistent aux antibiotiques.
"Le traitement agit comme un bélier assaillant les bactéries antibiorésistantes"
“En utilisant la souris comme animal modèle, les scientifiques ont démontré que l’utilisation d’une souche d’une bactérie [Mycoplasma pneumoniae] atténuée et modifiée génétiquement est capable de doubler le taux de survie d’un hôte infecté” par Pseudomonas aeruginosa, une bactérie pathogène responsable d’infections pulmonaires, peut-on lire dans le Guardian, qui a repris l’étude dans un article relayé par le Courrier International.
Selon Maria Lluch, de l’université internationale de Catalogne, en Espagne, qui a mené l’étude, “le traitement agit comme un bélier qui assaillirait les bactéries antibiorésistantes en faisant des trous dans leur paroi, procurant différents points d’entrée au traitement et permettant ainsi d’éliminer l’infection à sa source”.
Pas de toxicité chez la bactérie modifiée
Les chercheurs n’ont pas identifié de signe de toxicité chez la bactérie modifiée, même à haute dose. De plus, “le système immunitaire [s’en] débarrasse dans les quatre jours suivant l’arrêt du traitement”, ajoute le Guardian. Or, ces bactéries Pseudomonas aeruginosa n’ont pas seulement la capacité de résister aux antibiotiques, elles peuvent aussi former ce qu’on appelle des biofilms. Une fois établies en colonies, elles sécrètent une sorte de mucus qui les enveloppe et les protège des agressions extérieures, “formant ainsi des structures impénétrables par les antibiotiques”, écrit le quotidien britannique.
Ces biofilms se constituent souvent à la surface de matériels médicaux comme des tubes introduits dans la trachée, ce qui à pour effet de causer chez près d’un patient sur huit une maladie nosocomiale, à la suite d'une infection contractée au cours d'un séjour dans un établissement de soin, la pneumopathie acquise sous ventilation mécanique. La bactérie créée par les chercheurs espagnols semble également avoir un effet néfaste sur ces boucliers naturels.