On parle souvent d’éduquer son oreille à la musique ou aux langues dès le plus jeune âge. Mais le bénéfice d’une telle pratique n’est pas seulement immédiat. Une étude publiée dans le Journal of Neuroscience évoque les effets d’un apprentissage musical sur le long terme.
« Trier » les sons
Apprendre à jouer d’un instrument lorsqu’on est enfant prévient le déclin cognitif chez les seniors, nous apprend l’étude. Des chercheurs de la Northwestern University ont suivi un groupe de 44 adultes, âgés de 55 à 76 ans. Chaque volontaire a écouté une version synthétisée de la syllabe « da ». L’activité de la région du cerveau qui réagit aux sons a été enregistrée en même temps. Certains participants avaient appris à jouer d’un instrument enfants, d’autres non. Les premiers n’avaient pas joué depuis des dizaines d’années.
Les participants formés à la musique ont tous montré de meilleurs résultats. Ceux qui ont reçu des cours pendant plusieurs années étaient un peu plus rapides à réagir au son. Apprendre le piano ou le violon à un enfant améliore durablement la façon dont son cerveau perçoit les sons, nous apprend l’étude. Le cerveau est « éduqué » : il apprend à distinguer les musiques et les dialogues des autres sons. Une capacité particulièrement utile, puisqu’elle peut aider à suivre des conversations dans des environnements bruyants, comme des restaurants.
Une milliseconde qui fait toute la différence
Lorsque nous vieillissons, le cerveau évolue. C’est pour cela que les personnes âgées répondent plus lentement aux sons qui changent rapidement, comme les paroles. Or, plus on s’entraîne pendant l’enfance, plus le cerveau répond vite à une sollicitation orale. Cette découverte est importante aux yeux de l’auteur principal de l’étude, le Pr Nina Kraus : « Le temps de réaction neural est le premier à se réduire lorsqu’on vieillit. » Il est donc important de l’entretenir dès le plus jeune âge.
Les réponses du cerveau au son n’étaient qu’une milliseconde plus rapides chez les participants ayant appris la musique dans l'enfance. Mais une telle différence n’est pas insignifiante, bien au contraire. En réponse à cette étude, Michael Kilgard, neurologue, explique : « Être plus rapide d’une milliseconde ne paraît pas considérable, mais le cerveau est très sensible aux durées. Une milliseconde, pour des millions de neurones, peut créer une vraie différence chez les personnes âgées. » Il y a de quoi être enthousiaste : des études ont déjà prouvé que la musique est bonne pour le cerveau. Celle-ci est la première à démontrer ses effets bénéfiques dans le temps.