- L’Organisation mondiale de la santé a fait état de 1,6 million de morts en 2021 dans le monde, soit un retour au niveau de 2017.
- 10,6 millions de personnes ont développé la maladie, soit une augmentation de 4,5 % par rapport à 2020.
- Depuis 2020, elle est devenue la deuxième cause de décès due à une maladie infectieuse, derrière le Covid-19 et avant le sida.
Analyser l’air expiré par les patients se révèle être une meilleure façon de dépister la tuberculose par rapport à la méthode de référence actuelle de recherche bactériologique dans les crachats. Ce sont les résultats d’une récente étude pilote publiée dans la revue Nature communications, qui permettent d’espérer un diagnostic plus efficace de la maladie à terme, alors que la tuberculose cause plus d'un million de décès dans le monde chaque année.
Pour dépister la tuberculose, la méthode classique n'est pas la plus efficace
Menée par deux équipes de chercheurs, la première colombienne et la seconde française issue de l'Institut National des Sciences Biologiques (INSB) du CNRS, cette recherche qui s'est portée sur un petit groupe de 45 patients a révélé que cette approche novatrice permet de diagnostiquer immédiatement la bactérie à l’origine de la maladie, le bacille Mycobacterium tuberculosis. Et ceci, même chez les patients considérés comme négatifs après analyse de leurs expectorations (les crachats), la technique de diagnostic traditionnelle, souvent utilisée en plus de l’examen clinique et de la radiographie des poumons.
Le problème, c’est que la recherche médicale a identifié depuis longtemps un manque de sensibilité dans cette méthode bactériologique, notamment chez les patients appelés "paucibacillaires" (porteurs de peu de bacilles dans leurs expectorations), ce qui réduit son efficacité. Ces derniers comprennent les enfants ou encore les patients co-infectés par le virus du Sida. En partie pour ces raisons, un cas sur trois ne serait pas diagnostiqué selon les estimations.
Tuberculose : une hausse des cas pour la première fois depuis 20 ans
C’est pourquoi, selon l’équipe de chercheurs, il était nécessaire de développer d’autres méthodes. Ainsi, ils ont eu l’idée d’utiliser un fluide de l’organisme assez méconnu, le condensat d’air exhalé (la phase liquide contenue dans l’air que nous expirons). Afin de recueillir cette fraction liquide, les participants à l’étude ont d’abord respiré dans un tube dont l’air avait été refroidi pour que l’eau se condense sur les parois. Un geste simple et non-invasif qui ne demande pas de personnel spécialisé. Ensuite, les chercheurs ont effectué une analyse chimique et immunologique de ce condensat d’air exhalé, qui a mis en lumière la présence de molécules (sucres, lipides, protéines), que la Mycobacterium tuberculosis produit et qui sont à l’origine de la maladie. Ce qui a permis de distinguer "sans aucune ambiguïté les patients d’individus sains ou atteints d’autres infections respiratoires", comme le souligne le communiqué de l’INSB.
Les scientifiques ajoutent que cette méthode pourrait être réalisée directement au lit du patient à l’avenir, ce qui rendrait possible le dépistage de la tuberculose pour ceux dont l’analyse bactériologique des crachats s’est avérée négative. Une nouvelle rassurante alors que pour la première fois depuis 20 ans, le nombre de cas recensés dans le monde est en augmentation. L’Organisation Mondiale de la Santé estime à plus de 10 millions le nombre de nouveaux cas de tuberculose par an, dont 12 % d’enfants.