Une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Parmi les facteurs de risque de cette maladie psychique, il peut y avoir certains événements, comme un décès, une perte d’emploi, une séparation…Mais aussi, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Journal of Affective Disorders, le fait de devenir papa.
La coparentalité, une notion cruciale pour l’éducation et la bonne entente
En effet, les scientifiques du Karolinska Institutet affirment que les pères sont plus à risque de développer une dépression durant les premiers mois de vie de leur enfant si, juste après la naissance, leurs relations de coparentalité avec la maman sont mauvaises.
Cette notion de coparentalité peut être définie comme le partage des droits et des responsabilités du père et de la mère auprès des enfants. Cela désigne donc aussi la façon dont ils s’entendent et travaillent ensemble à l'éducation de leur progéniture. Il y aurait ainsi quatre éléments très importants : la façon d’élever l’enfant, le soutien à la capacité parentale de l’autre parent, la définition commune des normes familiales et la division du travail de la garde.
“Au niveau de la société, nous pourrions gagner beaucoup de temps si nous soutenions davantage les relations de coparentalité au cours des premières étapes de la parentalité, estime Michael Wells, professeur agrégé au Département de la santé des femmes et des enfants, dans un communiqué. Une façon d'y parvenir est de dépister les pères sur ce statut de coparentalité pendant la petite enfance et de leur proposer, si nécessaire, des interventions pour améliorer la collaboration et la communication autour de l'enfant.”
Les pères aussi sont à risque de dépression post-partum
10 à 20 % des mères sont touchées par une dépression post-partum dans les semaines qui suivent l’accouchement, selon l’Assurance maladie. Cela correspond, d’après le Manuel MSD, à des symptômes dépressifs qui durent plus de deux semaines après l'accouchement et répondent aux critères d'une dépression majeure. Mais il n’y a pas que les femmes qui sont concernées, les auteurs de l’étude estiment que 9 à 10 % des nouveaux pères en souffrent aussi.
Pour parvenir à leurs résultats, les auteurs ont analysé les données de 429 pères suédois. Ces participants devaient remplir des questionnaires sur leurs symptômes dépressifs et la nature de leurs relations coparentales trois fois : quand leur enfant avait environ huit mois, treize mois et vingt-six mois.
Résultats : environ 20 % des pères ont signalé des symptômes dépressifs à un moment donné au cours de l'étude. D’autre part, les deux tiers des pères qui avaient de très mauvaises relations coparentales durant la première année de la vie de leur enfant étaient plus à risque de présenter des symptômes de dépression. En revanche, les pères dont les scores de coparentalité étaient plus élevés avaient moins de risque de souffrir de ce trouble psychique.
Les chercheurs estiment qu’il faudrait davantage dépister les jeunes pères qui ont donc aussi des risques de dépression. À terme, ils espèrent que leurs travaux aideront à limiter le risque chez les pères en développant des interventions et des systèmes de soutien à la coparentalité.