- Le Baromètre Cancer de l’INCa est publié tous les cinq ans.
- Il permet de montrer comment les Français perçoivent le cancer et agissent face à la maladie.
- L'enquête est menée auprès de 5.000 personnes âgées de 15 à 85 ans.
Un septième des Français estiment avoir des informations solides sur les cancers, selon l'Institut national du cancer (INCa), qui révèle ce lundi 30 janvier son Baromètre Cancer 2021, en partenariat avec Santé Publique France. Pourtant, malgré ce chiffre, une partie de la population semble sous-estimer complètement le lien entre le tabac, l'alcool et le cancer, alors que ce sont la première et la deuxième cause de cancer en France. En effet, 23 % des personnes interrogées pensent que boire un peu de vin réduit le risque de cancer.
Alcool, tabac, cigarette électronique... qu'en pensent les Français ?
Parmi les raisons à l’origine de ce résultat, il y a notamment la multiplication des "messages contradictoires", explique à franceinfo l’oncologue Suzette Delaloge, directrice du programme de prévention personnalisée des cancers de l'Institut Gustave Roussy. "L'alcool à toute petite quantité peut être un peu protecteur sur certains risques cardiovasculaires, mais pas du tout sur le cancer. Au contraire, il augmente les risques de beaucoup de cancers”, ajoute-t-elle.
Selon le Baromètre, plus de 8 personnes sur 10 déclarent que fumer du tabac provoque certainement l’apparition d’un cancer, un chiffre en augmentation par rapport à 2015. En revanche, plus de la moitié des Français est convaincu que faire du sport permet de nettoyer ses poumons des effets néfastes du tabac (ce qui est faux). Cela montre un "besoin de se sécuriser", de se "rassurer", indique à France Inter le président de l'Institut national du cancer, Norbert Ifrah.
Les personnes interrogées étaient également invitées à se prononcer sur le sujet des cigarettes électroniques : trois quart des répondants la considèrent comme nocive pour la santé. Plus de la moitié d’entre eux pensent même qu'elle est plus néfaste que la cigarette classique. L'Institut national du cancer met aussi en lumière le fait que 10 % des vapoteurs interrogés déclarent n'avoir jamais fumé avant de commencer la cigarette électronique.
Cancer de la peau : surestimation de l'hérédité par rapport aux UV
Une autre ombre au tableau concerne les cancers de la peau : les Français sous-estiment grandement l'impact d'une exposition excessive au soleil ou aux UV artificiels sur les chances de développer un cancer à terme. Cependant, les personnes interrogées surestiment l’importance de l'hérédité face au cancer, alors que 10 % seulement des cancers ont une origine génétique.
Pour aider la population à distinguer le vrai du faux en matière de cancer, Suzette Delaloge souligne le besoin d'informer des risques. Pour l’oncologue, l'enjeu est “de créer de nouveaux professionnels de santé plus dédiés à la prévention des cancers ou d'autres maladies". D’autant qu’une bonne prévention peut s’avérer particulièrement efficace quand on sait que près de la moitié des cancers peuvent être évités car ils sont liés aux modes de vie. D'ailleurs, les connaissances vis-à-vis de l’alimentation progressent : les messages sur les risques pour la santé liés à la consommation excessive de viande rouge ou de charcuterie et sur les avantages des fruits et légumes sont mieux connus. Une bonne nouvelle puisque, chaque année, 19.000 cancers sont attribués à une alimentation déséquilibrée.