"Le toucher est primordial dans le comportement social, y compris lors des relations sexuelles. Cependant, l'identité et le rôle précis des neurones sensoriels impliqués dans le toucher sexuel restent inconnus." C’est ce qu’ont écrit des chercheurs de l’université Columbia (États-Unis) dans une étude parue dans la revue Cell.
En réalisant ces travaux, ils ont identifié, dans les voies neurobiologiques de la peau, un lien jusqu'ici inconnu entre le toucher et le plaisir ressenti. Durant ces recherches menées sur des souris femelles, les auteurs ont pour la première fois découvert l’existence d’une sous-population de neurones de la peau, spécialement dédiés au désir sexuel. Ils réagissent à une légère caresse et déclenchent le plaisir.
Les chercheurs ont eu recours à l’optogénétique
Dans de précédentes recherches, une équipe avait tenté de savoir s'il existait des neurones tactiles spécifiquement adaptés au "toucher gratifiant" en analysant une catégorie de cellules sensorielles, appelées "cellules Mrgprb4", en raison de la présence d'un récepteur dans leurs membranes. Elle a noté que ces cellules réagissaient à des coups de lumière.
Pour les besoins de ces nouveaux travaux, les scientifiques ont utilisé une technique, appelée "optogénétique", qui consiste à modifier des types de cellules individuelles de manière à ce qu'elles puissent être activées lorsque les chercheurs les éclairent avec des couleurs de lumière spécifiques.
Une fois activés par le toucher, ces neurones déclenchent le désir sexuel
"Nous avons constaté qu'en activant cette population peu étudiée de cellules sensorielles tactiles dans le dos de la souris, les animaux abaissaient leur dos et adoptaient cette posture de dorsiflexion", a précisé Leah Elias, auteure de l’étude, dans un communiqué. Chez les rongeurs, cette posture est un signe de la réceptivité sexuelle.
Ensuite, les auteurs ont génétiquement modifié des souris afin que leurs cellules tactiles, les "Mrgprb4", se déclenchent lorsqu'elles sont éclairées par une lumière bleue. Lorsque l’équipe a activé ces cellules en les éclairant, ils ont eu du mal à croire aux réactions de dorsiflexion qu'ils observaient. "Les animaux ont ressenti l'activation des cellules sensorielles Mrgprb4 dans leur dos comme une récompense. (…) C'est le premier exemple documenté montrant qu'un comportement spécifique peut être généré ou soutenu par ces neurones Mrgprb4", ont expliqué les scientifiques.
À l'aide de techniques génétiques, ils ont dans un deuxième temps éliminé les cellules Mrgprb4. Cela leur a permis de voir si l'absence de ces cellules dans les circuits du toucher affectait la réponse sexuelle des souris à la stimulation tactile. "La réceptivité sexuelle s'est tout simplement effondrée. Nous savions alors avec certitude que ces cellules étaient importantes pour le toucher social", a déclaré Leah Elias.
Des thérapies basées sur le toucher pour améliorer la santé mentale ?
D’après les auteurs, les résultats de ces travaux ouvrent la voie à des thérapies basées sur le toucher pour atténuer l'anxiété, le stress et la dépression. Qui plus est, ces thérapies pourraient être prometteuses pour les personnes atteintes d'autisme et d'autres maladies qui peuvent rendre insupportable le moindre contact.