Souffrir d'une troisième commotion cérébrale ou plus pourrait être le point de non-retour pour une bonne santé cérébrale à long terme. Des chercheurs britanniques affirment que plusieurs commotions cérébrales peuvent affecter la mémoire et la capacité à se concentrer, à traiter des informations et accomplir des tâches complexes plus tard dans la vie. Selon les résultats de leur étude, publiés le 27 janvier 2023 dans le Journal of Neurotrauma, une seule commotion cérébrale ou lésion cérébrale traumatique (LCT) modérée à grave peut avoir un impact à long terme sur les fonctions cérébrales, dont la mémoire.
Commotions cérébrales : quelles sont les conséquences sur le cerveau ?
Dirigée par des équipes de l'université d'Oxford et de l'université d'Exeter, l’étude, la plus vaste du genre, comprenait des données issues de plus de 15.000 Britanniques âgés de 50 à 90 ans, ayant participé à l'étude en ligne PROTECT. Ils ont signalé la gravité et la fréquence des commotions qu'ils avaient subi tout au long de leur vie et ont effectué des tests informatisés annuels portant sur la fonction cérébrale.
Les résultats de l’étude révèlent que les personnes qui ont signalé trois commotions cérébrales ou plus avaient une fonction cognitive nettement détériorée. L'attention et la réalisation de tâches complexes ont été particulièrement affectées. Ceux qui ont eu quatre épisodes de commotion cérébrale légère ou plus ont également montré une vitesse de traitement et une mémoire de travail aggravées. Chaque commotion cérébrale supplémentaire était liée à une détérioration encore plus grave de la fonction cognitive. De plus, les chercheurs ont constaté qu’une seule commotion cérébrale modérée à grave était associée à une attention cognitive, à l'achèvement de tâches complexes et à une capacité de vitesse de traitement détériorées.
“Cela doit envoyer un message clair aux politiques et organismes sportifs”
Ces découvertes mettent en lumière les dangers des sports de contact où les blessures à la tête peuvent être fréquentes comme le rugby, le football, le football américain ou les sports de combat comme la boxe, ou des métiers à haut risque. D'ailleurs, l'étude sort deux mois après la mort de l’écossais Doddie Weir. Le joueur international de rugby, âgé de 52 ans, était atteint de sclérose latérale amyotrophique, une maladie neurodégénérative.
“Nous savons que les traumatismes crâniens sont un facteur de risque majeur de démence. Plus vous votre cerveau subira de chocs, dans la vie, plus votre fonction cérébrale pourrait se détériorer avec l'âge”, a déclaré l’auteure principale de l’étude, la Dr Vanessa Raymont de l'université d'Oxford, dans un communiqué. La Dr Susan Kohlhaas, directrice de la recherche chez Alzheimer's Research UK, a ajouté : "Des études comme celle-ci sont si importantes pour démêler les risques à long terme de lésions cérébrales traumatiques, y compris leur effet sur le risque de démence. Ces résultats devraient envoyer un message clair aux politiques, fabricants et organismes sportifs, qui doivent mettre en place des directives solides afin de réduire autant que possible le risque de blessure à la tête."