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Alzheimer

Parler deux langues retarde la démence de 5 ans

Par Audrey Vaugrente

Parler plusieurs langues n’a pas seulement un intérêt social, c’est aussi bon pour la santé. Selon une étude récente, être polyglotte permet de retarder la survenue d’une démence.

LYDIE/SIPA

Les personnes qui parlent plus d’une langue peuvent se réjouir. Une étude menée chez 650 patients, parue ce 6 novembre dans le journal Neurology, démontre qu’être polyglotte retarde la démence. Pour chaque participant, le nombre de langues parlées a été évalué et le diagnostic de démence posé ou non.

 

Cinq ans de plus

Le bilinguisme retarde de cinq ans la survenue d’une démence selon les chercheurs. Ils ont découvert que les patients qui parlent deux langues ou plus reçoivent un diagnostic plus tardif pour la maladie d’Alzheimer, les démences vasculaire et fronto-temporale. Etre polyglotte ne bénéficie pas qu'aux personnes éduquées : les illettrés tirent aussi un profit du fait de parler plusieurs langues. L’éducation formelle n’a donc pas une influence très conséquente.

 

C’est la plus large étude à ce jour qui évalue l’impact du bilinguisme dans le déclenchement de la démence. Ils ont analysé ce facteur comme indépendant des autres, l’éducation, le genre, le métier et le lieu de vie. « Ces découvertes laissent penser que le bilinguisme a une influence plus forte sur la démence que tous les médicaments. Cela fait de l’étude de la relation entre bilinguisme et cognition une de nos priorités, » s’enthousiasme Thomas Bak, professeur à l’université d’Edimbourg et signataire de l’étude. En revanche, le nombre de langues parlées n’accroît pas le bénéfice : c’est le fait de ne parler qu'une seule langue qui joue.

 

La conversion bilingue, un bon entraînement cérébral

Des études approfondies seront nécessaires pour déterminer quel mécanisme retarde le déclenchement de la démence. Selon les chercheurs, il se pourrait qu’une conversion bilingue entre les sons, mots, concepts, structures grammaticales et normes sociales soit un entraînement naturel pour le cerveau. Un programme d'entraînement cérébral semble moins efficace et moins naturel.

 

Il existe en revanche une faiblesse dans cette étude. Les populations bilingues étudiées ne sont pas tout à fait comparables et sont souvent différentes des populations monolingues en termes d’ethnies et de cultures. L’exemple de l’Inde, qui a participé à l’étude, est particulièrement évocateur. Dans une ville comme Hyderabad, être bilingue fait partie de la vie de tous les jours. Connaître plusieurs langues est la norme alors que le monolinguisme est une exception. A l’inverse, aux Etats-Unis, l’unilinguisme est de mise, comme dans de nombreux pays anglophones de culture anglo-saxonne.