3,8 millions. C’est le nombre de personnes qui vivent avec un cancer ou qui ont eu un cancer au cours de leur vie en France, d’après les dernières estimations datées de 2018. “Ce chiffre est en augmentation pour deux raisons : le dépistage (possible pour certains cancers, en particulier le cancer du sein et du côlon) qui permet la détection plus précoce de la maladie, associé aux progrès thérapeutiques, font que la survie s’améliore globalement”, nous explique le professeur Daniel Nizri, Président de la Ligue contre le cancer. “Les besoins en prévention et en accompagnement pendant et après la maladie sont donc croissants.”
Cancer : de plus en plus d’inégalités dans la population française
“En parallèle, nous assistons à une montée des inégalités face au cancer”, affirme le médecin cancérologue, jugeant que la crise économique et sociale actuelle ne fait qu'amplifier ce phénomène. À ce sujet, une étude du Centre international de recherche sur le cancer menée dans dix-huit pays européens confirmait en novembre dernier que moins une personne est éduquée, plus son risque de mourir de cette maladie est grand.
“Face à ce contexte difficile, l’objectif de la Ligue est d’être présente partout, pour toutes et tous avant, pendant et après la maladie. En effet, avec près de 382.000 nouveaux cas chaque année et des inégalités qui s’aggravent fortement, il est primordial pour la Ligue, association agréée pour représenter les usagers du système de santé, de continuer à se mobiliser sur le terrain au travers de ses 103 comités pour lutter contre la maladie.”
“Plus un cancer est découvert tôt, plus les chances de guérison sont grandes”
Depuis sa création, La Ligue contre le cancer promeut la pratique et le développement des dépistages organisés des cancers. “En effet, plus un cancer est découvert tôt, plus les chances de guérison sont grandes et les séquelles moindres !”, insiste le Président de l’association française. “Or, les chiffres de la participation sont mauvais, et pire, ils ont tendance à se dégrader fortement depuis quelques années”, déplore-t-il.
Un constat mis en avant par le Baromètre Cancer 2021 récemment publié par l’INCa et Santé Publique France. “Par exemple, pour la participation au dépistage organisé du cancer du sein, les femmes âgées de 50 à 74 ans ciblées par le dispositif, participent à hauteur de 46,6 % pour la dernière campagne 2020-2021. C’est bien trop peu pour voir le véritable impact en termes de santé publique à l’échelle de la population, si l’on se réfère à l’objectif de 70 % fixé par le Conseil européen.”
“De plus, les populations les plus fragiles économiquement et les moins diplômées, sont presque deux fois moins diagnostiquées de leur cancer par le biais du dépistage (pour les cancers concernés) comme le montre notre étude « Face au cancer, l’épreuve du parcours de soins ». Les diagnostics sont donc plus tardifs et les traitements souvent plus lourds, diminuant d’autant la qualité de vie des personnes, ainsi que leurs chances de survie.”
Comment améliorer le dépistage du cancer en France ?
“Il faut développer les actions d’aller-vers les populations cibles !”, soutient le professeur Nizri. “Si l’on prend cette fois-ci l’exemple du dépistage du cancer colorectal, le Baromètre Cancer 2021 a montré que 43 % des personnes âgées de 50 à 74 ans ont déclaré être à jour de leur dépistage du cancer colorectal. Encore une fois, c’est très insuffisant ! Il faut faciliter l’accès au kit de dépistage du cancer colorectal, encore difficilement accessible en ville.”
Face à cette situation, l’association française de lutte contre le cancer déploie plusieurs actions. “Très concrètement, le mois prochain à l’occasion de Mars Bleu, la Ligue lance une campagne pour favoriser l’accès au kit de dépistage du cancer colorectal en expliquant comment chaque personne de 50 à 74 ans peut le commander directement sans passer par son médecin traitant.”