- Chez l’homme, le cancer de la prostate est le plus fréquent, avec 50.000 nouveaux cas en 2015.
- Avec 58.000 nouveaux cas en 2018, le cancer du sein reste le plus fréquent chez la femme.
En 2018, il y a eu 382.000 nouveaux cas de cancer en France, dont 54 % chez l’homme, selon Santé Publique France. Bientôt, ceux-ci seront peut-être dépistés par une simple prise de sang. C’est en tout cas ce sur quoi travaillent plusieurs équipes de chercheurs dans le monde : la biopsie liquide. Réalisée au moyen d'une simple prise de sang, elle permettrait de repérer précocement une tumeur mais aussi de suivre l’efficacité de la chimiothérapie d’un patient.
Suivre l’évolution d’un cancer avec une prise de sang
Actuellement, la biopsie consiste à prélever des tissus de l’organe malade pour les analyser ensuite en laboratoire. Avec la biopsie liquide, ce sont des fragments d’ADN de la tumeur ou des cellules cancéreuses qui seront recherchés dans le sang du patient. Une technique moins invasive et qui permettrait ainsi de mieux suivre les cancers d’organes difficiles à atteindre comme ceux du poumon.
“Le prélèvement de ce que l’on appelle l’ADN circulant vise à détecter des mutations, pour certains types de cancer, et ainsi à adapter les traitements en conséquence, explique Alain Thierry, directeur de recherche à l’Institut de recherche en cancérologie de Montpellier, spécialiste du sujet, au Télégramme. Concrètement, après le retrait chirurgical d’une tumeur, on prescrit souvent une chimiothérapie, alors qu’on ignore si le patient en a réellement besoin”. Ainsi, grâce à cette biopsie liquide, les chercheurs pourront mieux surveiller l'évolution d’un cancer et dépister d’éventuelles rechutes.
Un outil de dépistage précoce du cancer
Mais l’objectif des chercheurs est aussi que cette prise de sang permette de dépister très en amont une tumeur, lorsqu’elle n'apparaît pas encore sur les radios. Un essai clinique a justement obtenu des résultats encourageants : la biopsie proposée par la biotech américaine Grail a permis de détecter neuf cancers qui n’auraient peut-être pas pu l’être par une technique de dépistage classique précoce. Néanmoins, sur les 6.600 participants, il y a eu 92 suspicions de cancer mais seulement 35 ont eu un cancer dans l’année et 57 n'en ont pas eu. Ainsi, beaucoup d’études et d’essais cliniques restent à mener pour parfaire la biopsie liquide et en faire une nouvelle technique de dépistage, accessible au plus grand nombre.
“L’une [des questions soulevées par ces tests] est le coût, ce type de séquençage étant extrêmement onéreux, explique François-Clément Bidard, oncologue à l’Institut Curie, responsable du laboratoire de biomarqueurs tumoraux circulants. Un autre sujet est l’éventuel sur-diagnostic induit par ces tests, car un certain nombre de cancers détectés ont en fait une évolution extrêmement lente et n’appellent pas nécessairement de traitement.”
Si la biopsie liquide était mise sur le marché, elle constituerait un outil de dépistage complémentaire aux techniques déjà existantes. “Aujourd’hui, on a quand même des stratégies de dépistage du cancer bien rodées”, conclut le Pr Fabrice Barlesi, directeur général du centre anti-cancer Gustave-Roussy.