"La première greffe d'utérus chez une femme transgenre au 21e siècle devrait avoir lieu dans les prochaines années, sinon plus tôt, explique la Dr Rebecca Flyck, l’une des auteurs d'une étude publiée dans la revue Fertility and Sterility et qui affirme que grâce à une greffe d'utérus, une femme transexuelle pourra bientôt tomber enceinte. Alors qu’il y a de plus en plus d’études sur les niveaux élevés de dépression, de suicide chez les femmes trans et sur l'impact émotionnel de l’incapacité à pouvoir avoir des enfants, nous devons considérer les avantages potentiels de la transplantation d'utérus pour les femmes trans.”
Plusieurs étapes avant la greffe de l'utérus
Pour qu’une femme trans puisse se faire greffer un utérus, les scientifiques ont détaillé la procédure. Ils estiment que la première étape sera certainement la vaginoplastie, c’est-à-dire une intervention chirurgicale pour construire des parties génitales féminines - un vagin artificiel - d'apparence aussi naturelle que possible, sans qu'il y ait création d'une cavité vaginale. Pour cela, les chirurgiens utilisent généralement des tissus provenant d’autres organes du corps. En parallèle, il faudrait certainement procéder à l'ablation des testicules pour arrêter la production d'hormones mâles.
Ensuite, après une période de convalescence, la femme trans pourrait faire une greffe d'utérus. Mais, comme pour les autres greffes, un donneur d’utérus qui a le même groupe sanguin doit être trouvé. Ensuite, l’utérus serait inséré chirurgicalement dans la femme trans. Selon les auteurs, l’intervention pourrait durer plus de 11 heures et se déroulerait presque de la même manière que celle effectuée pour une femme biologique.
Des différences entre les femmes biologiques et trans
Néanmoins, comme il y a des différences entre les femmes biologiques et trans, les chirurgiens devront faire attention à différentes choses. Tout d’abord, les artères iliaques externes, qui vascularisent les membres inférieurs et une partie de la paroi abdominale antérieure, sont environ 1,6 millimètre plus large chez les femmes biologiques. Il y aurait un risque de caillot sanguin selon les auteurs, qui peut être évité en ajustant la taille des artères.
De plus, Il y a une différence entre le vagin d'une femme biologique et le vagin artificiel d’une femme trans au niveau de la quantité et de la distribution des vaisseaux sanguins. Ainsi, le taux de réussite d’une greffe d'un utérus ne serait pas de 100 %, il y aurait des risques d'échec.
Si l’opération réussit, pour avoir un enfant, la femme trans devra obligatoirement faire une fécondation in vitro (FIV). En effet, une greffe d'utérus ne comprend pas les ovaires ou les trompes qui stockent et transportent les ovules : une grossesse naturelle est donc impossible. La femme trans devra aussi prendre des hormones artificielles pour imiter celles que le corps féminin génère lors d'une grossesse normale.
Les scientifiques plaident pour qu'il y ait des essais cliniques de greffe d'utérus chez les femmes trans. Néanmoins, ils reconnaissent qu'il reste encore "plusieurs inconnues importantes" sur la sécurité de cette intervention.