“Tu es trop gros(se)”, “tu dois encore perdre du poids”, “tu as trop mangé”… voici quelqu’une des pensées obsessionnelles que les anorexiques peuvent voir se succéder tout au long de la journée. Leur trouble des conduites alimentaires, qui se caractérise par une restriction drastique des calories absorbées et une perte de poids importante, les empêche de reconnaître la gravité de leur maigreur et de leur état de santé.
La méditation de pleine conscience pourrait leur apporter un soulagement, selon une étude de l'hôpital universitaire de Kyoto. Elle atténuerait les pensées obsessionnelles sur l’image de soi.
La méditation de pleine conscience réduit les pensées obsessionnelles
Pour cette recherche, l’équipe japonaise a suivi 21 patients anorexiques. Ils suivaient un programme d’initiation à la méditation de pleine conscience de 4 semaines favorisant l’acceptation de la situation et du présent. Par la suite, les participants devaient effectuer des tâches conçues pour induire une anxiété liée au poids. Leurs activités neuronales étaient alors mesurées par l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. Pendant l’examen, les chercheurs demandaient aux volontaires de réguler leur anxiété avec les exercices de méditation pleine conscience appris.
Ils ont observé une diminution significative des pensées obsessionnelles sur l'image de soi. "Nos résultats suggèrent que les participants à l'étude acceptent mieux leur anxiété telle qu'elle est", a expliqué l'auteur principal Tomomi Noda dans un communiqué.
Anorexie : la pleine conscience influence l’activité cérébrale
Les résultats des IRM montrent que la méditation de pleine conscience agit aussi sur l'activité cérébrale des zones associées aux pensées obsessionnelles.
Les chercheurs ont précisé dans leur article publié dans BJPsych Open le 2 février 2023 : "Nos résultats ont montré une activité réduite dans l'amygdale, le cortex cingulaire antérieur, le putamen, le noyau caudé, le gyrus orbital, le gyrus frontal moyen, le cortex cingulaire postérieur et le précuneus suite à une intervention basée sur la pleine conscience." Ils estiment ainsi que leurs travaux fournissent de "nouvelles informations sur les mécanismes neuronaux sous-jacents à l'effet de l'intervention basée sur la pleine conscience dans l'amélioration de l'anorexie mentale".
"Nous prévoyons des implications pratiques de nos résultats en psychiatrie et psychologie cliniques et une recherche plus large sur l'atténuation de la souffrance par la pleine conscience, en utilisant la stratégie d'acceptation de soi pour réguler l'attention", conclut le chef de l'équipe, Toshiya Murai.