Maladie génétique rare, la mucoviscidose se traduit par l’épaississement des sécrétions de plusieurs organes, en particulier les poumons et le pancréas. Cette pathologie altère principalement l'activité des fonctions digestives et respiratoires.
À l’heure actuelle, des traitements permettent de traiter une grande majorité des patients, dont la maladie est due à la mutation delta F508 au niveau du gène CFTR. "Chez ces derniers, la protéine CFTR (codée par le gène CFTR) est présente en petite quantité, mais dysfonctionnelle. Les molécules actuellement disponibles permettent de corriger ce dysfonctionnement et d’améliorer significativement leurs symptômes cliniques (…) En revanche, elles ne sont pas efficaces chez 10 % des patients pour qui la protéine est complètement absente comme c’est le cas lorsque la maladie est liée à une mutation non-sens", explique l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Un champignon pour corriger les mutations non-sens liées à la mucoviscidose
L’objectif des scientifiques spécialisés en maladies génétiques est donc de développer des nouvelles pistes thérapeutiques destinées aux malades atteints de mucoviscidose présentant une mutation non-sens. En 2017, Fabrice Lejeune, chercheur à l’Inserm, et son équipe avaient découvert que des extraits de Lepista flaccida, un champignon comestible, pouvaient corriger les mutations non-sens "dans trois lignées cellulaires isolées de patients atteints de mucoviscidose".
Trois ans plus tard, en 2020, les chercheurs avaient identifié le principe actif présent dans le champignon qui pouvait réparer les mutations non-sens : la molécule Di-amino-purine (DAP).
Dans une nouvelle étude publiée en janvier 2023, les scientifiques ont évalué les effets de la molécule DAP dans quatre modèles expérimentaux de mucoviscidose :
- des modèles animaux ;
- des lignées cellulaires ;
- des cellules de patients ;
- des organoïdes.
Mucoviscidose : une amélioration des symptômes chez les modèles animaux
Selon les conclusions publiées dans la revue Molecular Therapy, une amélioration des symptômes a été constatée chez les modèles animaux. "Les résultats obtenus par l’équipe suggèrent que la DAP permet de corriger la mutation non-sens dans les différents modèles étudiés, en rétablissant la production des protéines et en restaurant efficacement la fonction du gène muté", peut-on lire dans le communiqué de l'Inserm.
Désormais, les équipes de l’Inserm souhaitent évaluer la DAP dans d’autres maladies génétiques rares comme la myopathie de Duchenne et le syndrome de RETT, dont des mutations non-sens peuvent être identifiées dans plus de 60 % des cas. "Ces résultats ouvrent la voie à l’organisation d’un éventuel essai clinique dans les années à venir pour tester l’efficacité de la molécule chez des patients. Avant cela, l’objectif est de développer la meilleure formulation possible pour le médicament et de réaliser des tests de toxicité pour s’assurer de son innocuité chez l’humain", complètent les chercheurs.