ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Troubles du langage : les stéréotypes de genre retardent le diagnostic chez les filles

Enfance

Troubles du langage : les stéréotypes de genre retardent le diagnostic chez les filles

Par Geneviève Andrianaly

Des chercheurs espagnols ont évalué l'impact des stéréotypes liés au genre sur le développement du langage, la communication et la sphère socio-émotionnelle chez les enfants.

Artem Peretiatko/iStock
La prévalence des troubles du langage est estimée à environ 7 % dans la population infantile, c'est-à-dire qu'un enfant sur 14 en souffre.
Les troubles simples du langage oral sont des troubles de l'articulation, des bégaiements, un retard de parole et de langage.
La dysphasie est un trouble du développement cognitif durable. Son traitement est plus difficile.

Les troubles du langage oral, qui apparaissent chez des enfants dotés d’une intelligence normale, se caractérisent par la survenue retardée du langage oral ou son développement ralenti ou perturbé. "Les difficultés des jeunes patients à s'exprimer et à comprendre le langage oral s'étendent à des aspects non-linguistiques tels que la cognition, la mémoire, les performances scolaires ou les compétences socio-émotionnelles", ont indiqué des scientifiques de l'université ouverte de Catalogne et de l'université de Barcelone (Espagne). C’est pourquoi ils exigent que les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux soient pris en compte dans l’approche de ces troubles.

Communication : quels sont les stéréotypes de genre les plus courants ?

Dans de récents travaux, ils ont voulu examiner de manière critique l'influence des stéréotypes de genre sur des variables importantes pour l’étude des troubles du langage, comme les compétences linguistiques et socio-émotionnelles. "Ces facteurs peuvent avoir un impact négatif sur la détection et l'évaluation des enfants présentant des troubles du langage à différents stades de leur développement", a précisé Nadia Ahufinger, auteure de l’étude, dans un communiqué.

Pour la mener à bien, les chercheurs ont répertorié les clichés les plus courants concernant le langage et la sphère affective. Parmi ces stéréotypes, on trouve notamment le fait que "les filles ont de plus grandes capacités communicatives et linguistiques que les garçons", "les garçons coupent la parole parce qu'ils savent plus de choses que les filles", "les filles ne peuvent parler que d’une manière douce et agréable" ou "les garçons parlent avec assurance".

Les troubles du langage pourraient être sous-diagnostiqués chez les filles

D’après l’équipe, les recherches sur des troubles du langage ont, jusqu'à présent, surreprésenté les garçons dans les échantillons, ce qui peut empêcher d'identifier ou de répondre aux besoins des filles.

"En raison de cette vision androcentrique, nous ne savons pas encore s'il existe un profil de difficultés linguistiques, émotionnelles, sociales et des différentes sphères affectées qui pourrait être différent entre les garçons et les filles atteints de ce trouble. Cet aspect peut avoir un impact direct sur le sous-diagnostic des filles et sur la mauvaise conception de l'intervention", a signalé Nadia Ahufinger, qui a rappelé qu’une méthodologie tenant compte d'une perspective féministe est nécessaire.

Autre problème pointé du doigt : les stéréotypes de genre peuvent inciter les familles à considérer qu'il est moins nécessaire pour les filles de consulter un professionnel, car les clichés suggèrent que les filles n'auront pas de difficultés.

Troubles du langage : comment améliorer le diagnostic chez les filles ?

Pour améliorer la détection des troubles du langage ainsi que les thérapies, les auteurs recommandent aux professionnels de santé d’avoir recours à des protocoles qui tiennent compte des préjugés afin de diagnostiquer et d’évaluer les troubles avec la famille. "Il est essentiel de former les pédiatres et les professionnels de la santé afin qu'ils soient conscients des signes avant-coureurs à un âge précoce qui peuvent indiquer un possible trouble dans le futur. Il est important de travailler à l'intégration de protocoles partagés entre les orthophonistes et les professionnels de la santé", a conclu l’équipe.