La restriction calorique entraîne une modification des processus moléculaires qui ont été associés au vieillissement, notamment la méthylation de l'ADN. Elle serait efficace pour retarder le rythme du vieillissement et prolonger la durée de vie en bonne santé chez les vers, les mouches et les souris. "Notre étude vise à s’assurer qu’un régime alimentaire pauvre en calories ralentit également les processus biologiques du vieillissement chez les êtres humains", a déclaré Daniel Belsky, chercheur au Butler Aging Center de Columbia, dans un communiqué.
Une restriction calorique de 25 % ou un régime alimentaire normal durant deux ans
Dans le cadre de cet essai, 220 hommes et femmes en bonne santé ont été répartis en deux groupes. Soit les participants ont été soumis à une restriction calorique de 25 %, soit ils ont dû suivre un régime normal pendant deux ans. Pour mesurer le vieillissement biologique des volontaires, l’équipe a examiné des échantillons de sang prélevés chez les adultes au début de l'intervention, après 12 et 24 mois de suivi.
"Les êtres humains vivent longtemps. Il n'est donc pas pratique de les suivre jusqu'à ce que nous observions des différences dans les maladies ou la survie liées au vieillissement. Au lieu de cela, nous nous appuyons sur des biomarqueurs développés pour mesurer le rythme et la progression du vieillissement biologique pendant la durée des recherches", a précisé Daniel Belsky.
Dans le détail, les auteurs ont analysé les marques de méthylation de l'ADN extraites des globules blancs. Les marques de méthylation de l'ADN sont des étiquettes chimiques sur la séquence d'ADN qui régulent l'expression des gènes et sont connues pour changer avec le vieillissement.
Décès prématuré : l’effet du régime hypocalorique est similaire à celui de l'arrêt de la cigarette
Selon les résultats, publiés dans la revue Nature Aging, un régime alimentaire pauvre en calories permet de ralentir le rythme du vieillissement de 2 à 3 %, ce qui se traduit par une réduction de 10 à 15 % du risque de décès prématuré, un effet similaire à une intervention de sevrage tabagique. Cependant, le fait d’ingérer moins de calories n'a pas entraîné de changements significatifs dans les estimations de l'âge biologique mesurées par diverses "horloges épigénétiques".
"Mais la restriction calorique ne convient probablement pas à tout le monde. Nos résultats sont importants car ils fournissent la preuve, à partir d'un essai randomisé, qu'il est possible de ralentir le vieillissement humain. Ils nous donnent également une idée des types d'effets que nous pourrions rechercher dans les essais d'interventions qui pourraient intéresser un plus grand nombre de personnes, comme le jeûne intermittent ou la restriction alimentaire", a conclu Calen Ryan, co-auteur des travaux.