En France, on estime qu’entre 1 et 2,5 % de la population est touchée par le trouble bipolaire, mais ce chiffre serait sous-évalué, selon la Haute Autorité de Santé (HAS). L’Assurance maladie le définit comme "une maladie psychique chronique responsable de dérèglements de l’humeur avec le plus souvent une alternance d’états d’exaltation et de dépression”.
Pour l’instant, les scientifiques ne connaissent pas encore toutes les causes du développement de ce trouble. Néanmoins, "on sait toutefois qu’il existe, chez les personnes malades, des troubles biologiques dans le fonctionnement et la communication des cellules du cerveau, ainsi que des anomalies génétiques”, précise l’Assurance maladie.
Maladies mentales : un risque génétique plus élevé chez les musiciens
Selon deux études, respectivement publiées dans les revues Scientific Reports (2019) et Transl Psychiatry (2023) par les mêmes auteurs, les personnes qui jouent de la musique auraient un facteur de risque génétique plus élevé de développer un trouble bipolaire ou de faire une dépression, une maladie psychique qui se caractérise par une succession d’épisodes dépressifs avec des symptômes tels que la tristesse pathologique, la perte de plaisir ou encore le sentiment d’angoisse quasi-permanent.
Lors de leur première étude, en 2019, les chercheurs avaient étudié les données de 10.500 participants. Ainsi, ils ont observé que ceux qui jouaient de la musique avaient des symptômes dépressifs, d'épuisement professionnel et psychotiques plus fréquents. Pour tenter de mieux comprendre cette relation entre la musique et le risque de développer des maladies mentales, ils ont poursuivi leurs travaux en utilisant des méthodes de génétiques moléculaires. Pour cela, ils ont analysé l’ADN de 5.648 participants qui avaient aussi fourni des informations sur leur pratique musicale, leur santé mentale et d’autres données telles que les activités créatives ou la pratique d’un sport.
"Le lien entre faire de la musique et la santé mentale est très complexe"
Les chercheurs ont observé que les variantes génétiques impliquées dans ces pathologies se chevauchaient avec celles qui influencent l’engagement musical. Ainsi, les participants qui avaient un risque génétique plus élevé de dépression et de trouble bipolaire jouaient davantage, en moyenne, d’un instrument de musique que ceux qui n’avaient pas de risque génétique élevé.
À l’inverse, les personnes qui avaient une prédisposition génétique plus élevée à jouer d’un instrument avaient également, en moyenne, un risque légèrement plus élevé de développer une dépression, qu'ils jouaient ou non d'un instrument. "Le lien global entre faire de la musique et la santé mentale est donc très complexe : des facteurs familiaux et génétiques peuvent influencer à la fois la musicalité et la santé mentale, conclut Miriam Mosing, l’une des autrices. De plus, les musiciens semblent avoir un risque génétique légèrement plus élevé pour certaines maladies mentales.”