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Pollution

Résidus de médicaments dans l'environnement : un risque pour notre santé ?

Par Margot Montpezat

Alors que la consommation de médicaments augmente depuis dix ans dans le monde, l’impact sur l’environnement n’est pas anodin, avec des risques sur la santé, alertent les experts.

AlexRaths/iStock
Les dépenses de médicaments en France ont représenté 30 milliards d’euros en 2020, soit une moyenne de 445 € par habitant. (source : Spallian)
La présence de résidus de médicaments dans les ressources en eau n’est pas encore réglementée, rappellent les experts de Imdea Agua.

"La vie d’un médicament ne s’arrête pas à son ingestion”, voilà le propos de deux chercheurs espagnols dans un article de The Conversation. Ils révèlent que les résidus de médicaments qui se retrouvent dans la nature peuvent représenter un risque pour la sécurité alimentaire et la santé.

Les médicaments peuvent se retrouver dans notre assiette 

En effet, lorsque l’on prend un médicament, certains composés actifs se retrouvent ensuite dans nos eaux usées, comme l’ont prouvé des études. "Ces médicaments peuvent parcourir de longues distances et passer des rivières aux eaux souterraines et aux sols agricoles, où ils peuvent être absorbés par les plantes cultivées et entrer dans la chaîne alimentaire", écrivent Raffaella Meffe et Ana de Santiago Martín, deux chercheurs du Groupe de la qualité de l'eau et du sol, Imdea Agua.

Et la quantité n’est pas négligeable. L’étude des concentrations de polluants pharmaceutiques persistants dans l’environnement (dont les antibiotiques, analgésiques, hypolipémiants, œstrogènes, etc.) a détecté un total de 631 composés différents (ou leurs produits de transformation) dans 71 pays.

Certains médicaments impactent la santé des organismes aquatiques

Certaines substances représentent un risque significatif pour l’environnement aquatique et, à travers lui, pour l’Homme, comme par exemple l’antibiotique sulfaméthoxazole (Bactrim, etc.), l’antidépresseur Venlafaxine et l’antidiabétique oral Metformine.

Un rapport 2019 de l’OCDE évoque les effets observés en laboratoire sur les organismes aquatiques. Les experts démontrent entre autres, que les analgésiques peuvent provoquer une génotoxicité (toxique pour l’ADN), une neurotoxicité (toxique pour le système nerveux) chez les mollusques et une perturbation endocrinienne chez les grenouilles. Les antiépileptiques, quant à eux, provoquent un retard de croissance chez les poissons et sont délétères pour le système reproducteur des invertébrés.

Dans leur article, les chercheurs appellent à une utilisation plus raisonnée des médicaments alors que la consommation mondiale de médicaments a enregistré une tendance à la hausse au cours de la dernière décennie.