Il est bien connu que l’addiction à la cocaïne a des effets néfastes sur la santé. Des chercheurs du Central Institute of Mental Health in Mannheim (Allemagne) ont voulu mieux comprendre son action sur le cerveau. Ils ont découvert que le psychotrope entraîne un vieillissement des cellules d'une sous-région du cortex préfrontal désignée comme Aire 9 de Brodmann. Cette dernière est considérée comme importante pour le contrôle inhibiteur.
Les cellules cérébrales vieilliraient plus vite avec la cocaïne
Les scientifiques ont étudié les cerveaux de 42 hommes décédés. La moitié d'entre eux souffraient d’une dépendance à la cocaïne, l’autre non. Ils ont analysé la méthylation de l'ADN, un processus biologique par lequel des groupes méthyle sont ajoutés à la molécule d'ADN. L’équipe a ainsi pu estimer l'âge biologique des cellules. Ce dernier peut être supérieur ou inférieur de l’âge biologique en fonction de plusieurs éléments comme le régime alimentaire, l’hygiène de vie ou encore des facteurs environnementaux.
Les chercheurs ont ainsi découvert que les cellules de l’aire 9 de Brodmann étaient biologiquement plus âgées chez les individus qui avaient souffert d’une addiction à la cocaïne avant leur mort.
"Nous avons détecté une tendance à un vieillissement biologique plus fort du cerveau chez les personnes atteintes d'un trouble lié à la consommation de cocaïne par rapport aux personnes sans trouble lié à la consommation de cocaïne. Cela pourrait être causé par des processus pathologiques liés à la cocaïne dans le cerveau, tels que l'inflammation ou la mort cellulaire", explique la Dr Stéphanie Witt, chercheuse au sein de l’établissement allemand, dans un communiqué.
Des gènes régulateurs des dépendances touchés
Les scientifiques ont aussi examiné les différences de degré de méthylation sur 654.448 sites du génome humain. Ils recherchaient l’existence ou non d’associations avec les troubles liés à la dépendance au psychotrope. Ils ont mis en lumière 17 régions génomiques plus méthylées et 3 zones moins méthylées chez les individus ayant eu des problèmes avec la drogue.
"Nous avons été surpris que dans notre analyse, les changements de méthylation de l'ADN soient particulièrement importants parmi les gènes qui régulent l'activité des neurones et la connectivité entre eux", précise Eric Poisel, auteur principal de l’article publié le 14 février 2023 dans Frontiers in Psychiatry.
"En outre, il était fascinant que parmi les gènes qui ont montré les changements les plus importants dans les niveaux de méthylation de l'ADN dans notre étude, deux gènes aient été précédemment signalés pour réguler les aspects comportementaux de la consommation de cocaïne dans les expériences sur les rongeurs", déclare la Dr Witt.
Toutefois, d'autres travaux - notamment avec des échantillons plus grands - sont nécessaires pour mieux comprendre le phénomène observé.