Troubles du comportement, autisme, malformations congénitales, cancers... Depuis longtemps, les scientifiques cherchent à savoir si la procréation médicalement assistée (PMA) n'augmenterait pas le risque de développer ces pathologies. Concernant ces craintes, une étude apporte ce vendredi une bonne nouvelle aux parents qui utilisent cette méthode pour mettre au monde leur enfant. Des travaux publiés dans The New England Journal of Medicine rassurent sur le lien supposé entre PMA et augmentation du risque de cancer. Une bonne nouvelle aussi pour les 22 000 bébés qui naissent chaque année en France grâce à cette aide médicale, soit une naissance sur 40.
106 000 enfants nés par PMA scrutés à la loupe
Cette grande étude britannique a été menée sur plus de 106 000 enfants nés après PMA entre 1992 et 2008. Après un suivi de 6,6 ans en moyenne, les chercheurs de l'University College London ont recensés seulement 108 cas de cancers. Et les données rapportées sont même plus optimistes qu'attendu. Les scientifiques avaient, en effet, tablé sur 109,7 cas de cancer attendus. Conclusion de l'équipe, « la PMA n'est pas associée à une augmentation du risque global de cancer. » Et en particulier pas à un surrisque de leucémie, de neuroblastome, de rétinoblastome, de tumeurs du système nerveux central ni de tumeurs germinales », précise Carrie Williams, principale auteure de l'étude.
Seul bémol dans cette recherche, deux cancers étaient légèrement plus fréquents que dans la population générale. Il s'agit de l'hépatoblastome, la tumeur maligne primitive du foie la plus courante chez l'enfant, et du rhabdomyosarcome, une tumeur maligne des tissus mous, la plus fréquente chez les enfants et les adolescents. « Le risque absolu de ces deux cancers reste néanmoins très faible », rassurent les auteurs.
Un risque de malformations congénitales
Malgré cette bonne nouvelle, une récente étude australienne menée sur plus de 300 000 naissances dont 6000 avec l'aide à la procréation montrait un taux élevé de malformations congénitales chez les enfants nés après PMA. Elle avait comparé les 2 techniques d’aide médicale à la procréation : la fécondation in vitro et l’ICSI. Résultat, la proportion d’enfants nés avec une malformation est de 9,9 % en cas de procréation médicalement assistée par ICSI, de 7,2 % par FIV contre 5,8 % pour les grossesses obtenues naturellement. Il s'agissait de toutes sortes d’anomalies, au niveau du cœur, des organes génitaux, du squelette …
Mais ce n’est pas forcément la technique de procréation médicalement assistée qu’il faut incriminer pour ce risque malformatif. « Il faut tenir compte de l’âge et de l’infertilité des parents », précisait à cette occasion le Dr Joëlle Belaïsch-Allart, chef du service Gynécologie-obstétrique et Assistance à la procréation, à l'hôpital de Sèvres (92).