Essouflé, se plaignant de grosses quinte de toux, un joueur de clarinette américain s’est présenté en urgence à l’hôpital d’Atlanta. Agé de 68 ans, il présentait ces symptômes depuis plus d’un an, et aucun traitement classique ne semblait avoir de résultats, y compris les inhalateurs, les stéroïdes et les antibiotiques. Quand les médecins ont radiographié les poumons du musicien, ils ont observé de nombresues de zones obstruées par du mucus, et même des ganglions calcifiés.
Les spécialistes ont d’abord pensé que cet homme avait une aspergillose broncho-pulmonaire, une pathologie due à une allergie aux champignons Aspergillus fumigatus, et qui se développe généralement à la suite d’autres affections comme l’asthme ou la mucoviscidose. Jusqu'à ce qu'ils entendent parler de la clarinette. Intrigués, ils ont finalement compris que le joueur était devenu allergique à des champignons microscopiques Alternaria et Curvularia qui avaient envahi sa clarinette, et notamment l’anche de l’instrument. « Le musicien n’avait pas nettoyé son instrument depuis 30 ans ! », a rapporté le Dr Marissa Shams, spécialiste de l’asthme à l’Emory University à Atlanta, lors d’un congrès annuel d’allergologues à Baltimore. « Or il jouait très régulièrement, pratiquement toutes les nuits, on peut dire qu’il respirait dans ses champignons… »
Le musicien a été traité par des corticoïdes oraux mais ce n’est qu’après avoir stérélisé son instrument préféré que son état de santé s’est véritablement amélioré. Les scientifiques, qui ont décrit son calvaire lors du congrès, en ont profité pour rappeler que ce type de mésaventure n’est pas si rare chez les joueurs d’instruments à vent.
En mars dernier, John Shone, un joueur de cornemuse de 78 ans a rapporté qu'il avait failli mourir après avoir contacté une infection pulmonaire fongique de son instrument sale. En 2011, des chercheurs de l’Université de Tufts (Etats-unis) ont démontré que les microbes, comme la bactérie responsable de la tuberculose, peuvent survivre plusieurs heures jusqu’à plusieurs jours dans le bec ou les conduits des instruments à vent.
Alors, pour avoir une santé pulmonaire sans fausse note, il faut penser à nettoyer son saxophone, sa flûte ou sa clarinette !