- Certaines nanoparticules - le dioxyde de titane et le dioxyde de silicium - utilisées couramment dans l'industrie alimentaire peuvent nuire à l’intestin.
- Les nanoparticules d'oxyde de fer (appelé E172 quand il est utilisé comme colorant alimentaire) semblent aussi altérer la fonction intestinale et la santé globale.
- À l’inverse, les nanoparticules d'oxyde de zinc semblent ne pas poser de problèmes pour la santé intestinale, au contraire, elles aideraient l'intestin à compenser les dommages subis.
Certaines nanoparticules présentes dans des colorants alimentaires courants et agents anti-agglomérants pourraient endommager l'intestin, avertissent une équipe de chercheurs des universités Cornell et Binghamton, dans l'État de New York aux États-Unis. Selon les résultats de leurs travaux, publiés dans la revue Antioxidants le 9 février 2023, les particules d'oxyde métallique pourraient perturber la santé intestinale.
"Nous consommons ces nanoparticules au quotidien"
"Nous consommons ces nanoparticules au quotidien, déclare l'auteur principal Elad Tako, professeur de sciences alimentaires à l'université Cornell, dans un communiqué universitaire. Nous ne savons pas vraiment combien nous consommons ; nous ne connaissons pas vraiment les effets à long terme. Mais, ici, nous avons pu démontrer certains de ces effets sur la santé gastro-intestinale”.
Quelque temps auparavant, les chercheurs de Binghamton avaient mené des analyses cellulaires in vitro et examiné différentes nanoparticules fréquemment utilisées par les industries alimentaires et pharmaceutiques. Le groupe s'est ensuite concentré spécifiquement sur des nanoparticules d'oxydes métalliques et a confirmé les dosages de test appropriés qui conviennent à la consommation humaine.
En collaboration avec des chercheurs de Cornell, les auteurs de l'étude ont utilisé des doses de dioxyde de titane et de dioxyde de silicium adaptées à l'homme au laboratoire du professeur Tako. Ils ont injecté les nanoparticules dans des œufs de poule. Après leur éclosion, les scientifiques ont identifié des changements dans les marqueurs fonctionnels, structurels et microbiens dans leur sang, le duodénum (intestin supérieur) et le caecum (une poche qui relie l'intestin grêle et le gros intestin).
Alimentation : ces substances doivent-elles être interdites ?
"Nous avons découvert que des nanoparticules spécifiques - le dioxyde de titane et le dioxyde de silicium - habituellement utilisées dans les aliments peuvent affecter négativement la fonctionnalité de l’intestin. Ils ont un effet négatif sur les principales protéines digestives et absorbantes”, rapporte Elad Tako
Le groupe a également examiné l'oxyde de zinc, un micronutriment, et l'oxyde de fer, un supplément d'enrichissement en fer, pour observer leurs effets sur les intestins. L'équipe a découvert que les nanoparticules d'oxyde de zinc ne posaient pas de problèmes pour la santé intestinale, au contraire, elles aidaient l'intestin à compenser les dommages subis. À l’inverse, les nanoparticules d'oxyde de fer (appelé E172 quand il est utilisé comme colorant alimentaire) semblent altérer la fonction intestinale et la santé globale. Ainsi, bien que l'oxyde de fer puisse constituer une option viable pour renforcer ses apports en fer dans son alimentation, il semblerait qu'il ne soit pas une méthode saine pour maintenir l'intégrité de l'intestin et que l'oxyde de zinc serait une meilleure alternative pour cela.
Malgré ces découvertes, l’équipe de chercheurs ne pense pas qu'il soit temps d'interdire totalement leur utilisation. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour justifier cette décision et pour développer des alternatives plus saines, plus rentables et plus durables.