Nous sommes encore en hiver et pourtant, c’est maintenant qu’il faut commencer à lutter contre le moustique tigre. C’est en tout cas ce que pensent des experts, qui expliquent au Parisien que l’été 2023 présente un “risque sanitaire important”.
Le moustique-tigre à l’origine des cas de dengue autochtones
Le moustique tigre peut transmettre vingt-six types de virus différents, dont celui de la dengue. L’été dernier, selon Santé Publique France, 65 cas autochtones ont été recensés dans l'Hexagone à cause de ce nuisible. On parle de cas autochtones car les personnes malades n’avaient pas voyagé dans des zones où ce virus circulait. Un chiffre en hausse comparativement aux années précédentes : seulement 48 cas en France entre 2010 et 2021.
“2022 est une année charnière où on a franchi une étape de plus dans le risque, explique Marie-Claire Paty, coordinatrice de surveillance des maladies vectorielles chez Santé publique France, au Parisien. [Les moustiques-tigres] ont une autonomie de vol limitée, environ 150 à 200 mètres. Ils montent dans les voitures et progressent ainsi sur le territoire”. Pour l’instant, ils ont été repérés dans 70 départements, mais ils pourraient bientôt investir toute la France.
Selon Santé publique France, la dengue est une maladie virale transmise par les moustiques-tigres lorsqu’ils piquent. Les symptômes sont proches de ceux de la grippe, c’est-à-dire une forte fièvre, des douleurs articulaires ou encore des maux de tête importants. Ils durent généralement entre deux et sept jours. Pour beaucoup de cas, cette maladie reste bénigne mais, chez certaines personnes, elle peut provoquer une forme aiguë d’allure grippale avec, parfois, des complications potentiellement mortelles. On parle de dengue sévère.
Supprimer les eaux stagnantes pour lutter contre le moustique-tigre
Habituellement, la dengue n’est pas présente en métropole. Les zones les plus touchées dans le monde sont les Amériques, l’Asie du Sud-Est et le Pacifique occidental. Ainsi, les experts estiment qu’il faut lutter dès à présent contre le moustique-tigre pour empêcher une trop grande prolifération cet été.
Comme les moustiques classiques, en hiver, ce nuisible n’est pas visible et ses œufs n’ont pas encore éclos. C’est donc maintenant qu’il faut traiter les lieux où ils sont. “On y travaille d’ores et déjà, indique Anna-Bella Failloux, entomologiste à l’Institut Pasteur, au Parisien. S’il le faut, on doit être en mesure de répondre à quelque chose de plus grande ampleur que l’été dernier.”
La méthode la plus efficace - et que tout le monde peut et devrait appliquer - est de supprimer toutes les eaux stagnantes, car c’est là où les larves de moustique-tigre se développent. “Je suis inquiète pour l’été car en métropole la population n’est pas sensibilisée, elle ne connaît pas ce moustique, poursuit Anna-Bella Failloux. Sans créer de psychose, il va falloir faire énormément de prévention, comme vider ses soucoupes, ses gouttières, ne jamais laisser d’eau stagnante.”
Tout l’enjeu est de retarder au maximum les premiers cas de dengue car “une fois l’épidémie partie, c’est très compliqué de l’arrêter”, conclut Xavier de Lamballerie, chercheur et directeur du centre national de référence des arbovirus.