- Un patient est guéri du Sida grâce à une greffe de la moelle osseuse.
- Le donneur de moelle osseuse était porteur de la mutation génétique CCR5 delta-32, qui empêche naturellement le VIH d'entrer dans les cellules.
- Aujourd'hui le patient a 53 ans et va bien.
“Très heureux d'avoir pu participer à la caractérisation d'un troisième cas de probable guérison de l'infection par le VIH. Il s'agit de Marc, "le patient de Dusseldorf", qui a eu besoin d'une greffe de moelle il y a 10 ans pour traiter une leucémie”, explique sur son compte Twitter Asier Saez-Cirion, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur, pour présenter l’étude - dont il est co-auteur - sur ce cas et qui vient d’être publié dans la revue Nature. En effet, cette étude explique le cas d’un patient allemand qui est désormais guéri du VIH, virus à l’origine du sida.
Une greffe de moelle avec une mutation génétique
En 2010, ce patient commence un traitement antirétroviral pour contrôler le VIH. Celui-ci permet de stopper la reproduction du virus dans l'organisme, mais il ne l'élimine pas complètement. Mais en 2011, les médecins diagnostiquent à ce même patient une leucémie, c’est-à-dire un cancer du sang. Selon l’Institut Curie, les leucémies - car il y en a différents types - se caractérisent par l’envahissement de la moelle osseuse par une population de cellules, qui passent ensuite dans le sang.
Pour soigner la leucémie, les professionnels de santé décident donc de faire une greffe de la moelle osseuse, en cherchant un donneur portant une mutation génétique qui empêche naturellement le VIH d'entrer dans les cellules, c’est la mutation génétique CCR5 delta-32. La greffe a été réalisée en 2013 et, depuis, le virus du Sida n’a plus été détecté dans le corps du patient.
“Malheureusement cela ne veut pas dire que nous avons une solution pour guérir l'infection par le VIH. Cette intervention est complexe et entraîne de risques majeurs : elle n'est proposée qu'aux personnes souffrant d'un cancer du sang qui n'ont pas d'alternatives thérapeutiques”, poursuit Asier Saez-Cirion sur son compte Twitter. En effet, pour qu’une greffe pouvant soigner la leucémie et le Sida soit entreprise, il faut remplir deux conditions : trouver un donneur compatible au niveau immunogénétique pour éviter le rejet et qu’il soit porteur de la mutation CCR5 delta-32, ce qui ne concerne que moins de 1 % de la population générale. De plus, l’opération est très risquée.
La patient guéri du Sida
“Au final, il s’agit d’une situation exceptionnelle quand tous ces facteurs coïncident pour que cette greffe soit un double succès de guérison, de la leucémie et du VIH", indique Asier Saez-Cirion dans un communiqué de presse. Aujourd’hui, le patient âgé de 53 ans est en bonne santé et est guéri de sa leucémie et du Sida. Néanmoins, il précise dans une autre publication de la revue Nature que cette greffe de la moelle osseuse a été une "route semée d'embûches", autrement dit un long parcours… mais qui en valait la peine.
Avant ce patient, deux autres personnes ont été guéries du Sida de la même façon. Même si cette solution n’est pas faisable pour tous les patients, ces découvertes soulèvent beaucoup d’espoir pour la recherche et donc les patients. “Différentes stratégies sont à l’étude, conclut Asier Sáez-Cirión. Certaines cherchent à cibler et éliminer spécifiquement les cellules infectées, d’autres à rendre les cellules résistantes à l’infection sans passer par une greffe en introduisant par exemple la mutation CCR5 delta-32 via une thérapie génique, et finalement d’autres stratégies visent à optimiser les réponses immunitaires contre le virus.”