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Prévention

Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus reste conseillé

Alors que l'Agence européenne a annoncé deux décès de jeunes filles vaccinées, les autorités sanitaires et les médecins maintiennent leur recommandation en faveur du Gardasil®. 





Coup de semonce sur l'unique vaccin, pour l'instant disponible en France, contre les cancers du col de l'utérus ? L'Agence européenne du médicament (EMEA) a indiqué le 24 janvier que deux décès sont survenus en Autriche et en Allemagne chez des filles âgées de 18 et 19 ans, qui avaient subi une vaccination au Gardasil®. L'une est décédée peu de temps après la deuxième vaccination, et l'autre 23 jours après la première vaccination. Mais, aucun lien entre l'administration du vaccin et les décès n'a été établi. L'EMEA considère que « le rapport bénéfices / risques demeure favorable ». Le vaccin est suivi par un plan de gestion des risques européen. 


L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) indique pour sa part qu'aucun cas similaire n'a été signalé en France. Tout en maintenant la recommandation, l'AFSSAPS rappelle que tout « effet indésirable grave ou inattendu » doit être signalé aux centres régionaux de pharmacovigilance. La surveillance nationale des risques a été confiée au centre régional de Bordeaux. Et de plus, en France, dans le cadre du programme d'études pharmaco-épidémiologiques, un
premier protocole est en cours de finalisation. Il a pour objectif de suivre les adolescentes et jeunes femmes vaccinées qui ont été remboursées par l'Assurance maladie, et notamment de surveiller l'apparition de manifestations auto-immunes identifiables parmi les affections de longue durée.


Le Gardasil® est un vaccin préventif contre les infections causées par les papillomavirus (de type 6, 11, 16 et 18). Ces virus transmissibles par voie sexuelle peuvent provoquer des lésions précancéreuses de l'appareil génital féminin et des cancers du col de l'utérus, notamment les 16 et 18. Dans l'Hexagone, près de 3000 nouveaux cas de cancers du col de l'utérus sont détectés et près de 1000 femmes en meurent par an.
Ce vaccin des laboratoires Sanofi-Pasteur MSD est commercialisé en France depuis novembre 2006. Il a été recommandé en mars 2007 par le Conseil supérieur d'hygiène publique chez les adolescentes âgées de 14 ans, et « par rattrapage » chez les jeunes femmes de 15 à 23 ans n'ayant pas eu de rapports sexuels, ou à moins d'un an après leur premier rapport. Et il a été admis en juillet 2007 au remboursement à hauteur de 65%. Cependant, le prix du Gardasil® peut représenter un frein pour beaucoup de familles : il coûte 145,94 euros la dose, soit 437,82 euros pour que la personne soit protégée.
Cette annonce a suscité une inquiéude de la part des patientes et, parfois, des interrogations chez les médecins. D'autant plus que cela intervient au moment les responsables de deux laboratoires, GlaxoSmithKline et Sanofi Pasteur Aventis MSD, ayant mis au point et commercialisé le vaccin de l'hépatite B, sont mis en examen pour "tromperie aggravée"...


«Comme toute information, cela est de nature à impacter l'opinion, souligne le Pr Roland Bugat, membre de l'Institut national du cancer et oncologue à l'Institut Claudius Régaud à Toulouse. Ces deux malheureux décès constituent une nouvelle anxiogène. Mais, il faut surtout y voir un souci de transparence de la part des autorités de surveillance du médicament et cela est positif. »
« C'est important que l'Agence européenne nous informe, réagit le Dr Joseph Monsonégo, gynécologue, oncologue et coordonnateur des essais cliniques en France. Je ne suis pas surpris de ces incidents d'autant que la cause n'a pas été identifiée. Il faut savoir que le vaccin quadrivalent, pour lequel ces deux jeunes filles étaient concernées, a déjà été prescrit à plus de 11 000 femmes dans le monde lors d'essais cliniques incluant plus de 25 000 sujets, et sur une période de suivi qui est de plus de cinq ans. Nous n'avons pas observé d'association concomitante avec des effets graves. »


Un challenge pour les professionnels de santé


D'après le Dr Monsonégo, il est admis que l'on peut s'attendre à une fréquence de décès n'ayant pas de lien avec la vaccination de 1 cas pour 100 000 dans la tranche d'âge concernée. « Il est donc logique de constater des décès », ajoute-t-il. Pour le Dr Yann Leocmach de Sanofi Pasteur MSD, le respect de l'observance est déterminant. En effet, le vaccin comporte trois doses administrées par voie intramusculaire à 0, 2 et 6 mois. « Il faut vraiment que le médecin prescripteur assure le suivi des trois injections. »

L'EMEA estime qu'un million et demi de jeunes femmes ont été vaccinées en Europe. En France, l'AFSSAPS précise que 450 000 doses ont été délivrées depuis sa mise sur le marché, et 186 000 ont été remboursées entre le mois d'août et fin novembre 2007 d'après la Caisse nationale d'assurance maladie. 10% de ces remboursements concernent des adolescentes de 14 ans.

« C'est un début prometteur, estime le Dr Monsonégo. Mais, comme la vaccination n'est pas obligatoire, c'est un véritable challenge pour les professionnels de santé, car nous devons avoir une couverture très large pour voir baisser la prévalence du cancer du col de l'utérus». Pour l'instant, qui prescrit ? D'après le Dr Leocmach, trois gynécologues sur quatre, et deux généralistes sur trois, ont au moins prescrit une fois le vaccin.

Pour le Pr Jean Lévêque, du département d'obstétrique et gynécologique du CHU de Rennes, l'enjeu est de toucher les personnes qui échappent au dépistage. «Si nous vaccinons que les personnes déjà intégrées dans le circuit du dépistage, nous n'allons pas gagner, explique-t-il. Pour avoir un résultat tangible face à la maladie, nous devons toucher 80% de la population concernée. Nous avons besoin des médecins généralistes pour informer toutes les couches de la population concernée et pour que la couverture vaccinale s'étende ». Mais attention, « il faut respecter la recommandation, insiste Carmen Kreft-Jaïs, responsable de la pharmacovigilance à l'Afssaps. Vacciner les adolescentes de 14 ans, et par rattrapage les jeunes femmes de 15 à 23 ans, à condition qu'elles n'aient pas eu leur premier rapport sexuel depuis plus d'un an."

En conclusion, le vaccin Gardasil® est sous la vigilance de l'EMEA et de l'Afssaps. Et le vaccin Cervarix®, vaccin préventif contre les infections liées aux papillomavirus (type 16 et 18) de GlaxoSmithKline, qui devrait être commercialisé en France à partir de mars 2008, sera soumis aux mêmes exigences de suivi.

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